Le verdict dans le procès en appel de l'ex-chef de l'unité aérienne de la Direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn), Oultache Chouaïb, accusé dans une affaire de malversation en 2007 au profit de la société Algerian Business Multimedia (ABM), rendu hier par la Chambre correctionnelle près la Cour d'Alger, a été revu à la baisse. Le juge Halali Tayeb, président de séance, a réduit les peines prononcées en première instance contre les 25 accusés dans cette affaire, en prononçant des condamnations allant de 18 mois à 5 ans de prison ferme. Le juge a confirmé en appel la relaxe prononcée en première instance pour quatre accusés. Ainsi, Oultache Chouaïb, condamné à 7 ans de prison ferme en première instance, a vu sa peine réduite de deux ans avec une condamnation à 5 ans de prison ferme. Dhimi Youcef, ex-directeur de l'administration générale de la Direction générale de la Sûreté nationale, Mohamed Antri Bouzar, P-DG d'ABM et Toufik Sator, directeur général-adjoint d'ABM et gendre d'Oultache, ont écopé, pour leur part, d'une peine de quatre ans de prison ferme, bénéficiant ainsi d'une réduction de trois ans pour le premier et de deux ans pour les deux autres. Deux autres fonctionnaires de la Dgsn, Chorfa Achour et Hafid Youcef, ont été condamnés à des peines respectivement de 3 et 2 ans de prison ferme. Les quinze autres accusés, des cadres de la Dgsn, ont tous été condamnés à une peine de 18 mois de prison ferme, bénéficiant d'une réduction de moitié de leur peine. A la fin du prononcé du verdict, la première réaction est celle d'Oultache Chouaïb qui a crié sa colère : «C'est de l'injustice, les vrais coupables sont dehors.» Le juge Hallali a alors rétorqué : «On vous a donné l'occasion de vous défendre mais vous avez refusé.» Les cris et les pleurs se sont élevés dans la salle. «C'est de l'injustice», hurlaient les membres des familles des condamnés. Précisons que, dans ce procès, l'ensemble des avocats a décidé de se retirer, après avoir essuyé un refus du tribunal à sa demande de la mise à sa disposition d'un rapport de l'inspection générale de la Sûreté nationale, cité dans l'arrêt de renvoi. Rappelons enfin que dans cette affaire, 25 personnes, dont 19 cadres de la Dgsn, sont accusées de «passation de marchés publics en violation de la législation, dilapidation de deniers publics et trafic d'influence». Les faits concernent la passation de marchés «douteux» portant sur l'achat de plus de 10 000 onduleurs électriques, 300 ordinateurs, 500 PC portables et 9 000 imprimantes. Il a été reproché aux inculpés, chacun selon son poste, d'avoir permis à la société ABM, dont l'un des associés n'est autre que le gendre d'Oultache, de bénéficier des marchés de la Dgsn en violation de la loi sur les marchés. Il a été également reproché aux mis en cause d'avoir changé la composante de la commission chargée de la modernisation de la Dgsn et d'avoir préparé et modifié un cahier des charges des appels d'offres et cela dans le but d'exclure les autres soumissionnaires. Le juge a précisé enfin que Chouaïb Oultache doit également répondre de l'assassinat, le 25 février 2010 de Ali Tounsi, l'ex-patron de la Dgsn. La date de cet autre procès «pour homicide volontaire avec préméditation», n'a pas encore été fixée. Pour ses avocats, l'affaire de dilapidation pour laquelle il a été condamné hier n'a qu'un seul but : construire un alibi pour justifier la condamnation à mort dans le prochain procès lié à l'assassinat de Ali Tounsi. H. Y.