La 12ème édition du forum international d'Istanbul «Musiad» s'est ouverte hier dans la capitale de la péninsule anatolienne avec plus de deux mille participants. Présent à cette rencontre, qualifiée d'importante, le Premier ministre turc a fait un long discours aux accents politiques mais aussi économiques. T. Ordogan a, après avoir brossé un tableau du contexte dans lequel se tient cette 12ème édition, parlé de relations internationales, du terrorisme et de la crise financière actuelle. Il a ainsi mis en exergue le dernier exploit en date de la Turquie aux Nations unies : elle en est devenue membre non permanent, après un vote serré. Ce poste, elle l'occupera pendant deux ans (2009-2010). T. Ordogan s'en est réjoui. Et il a félicité tous les pays l'ayant soutenu dans cette élection. Ce poste, fût-il non permanent au sein des Nations unies, va consolider la position de la péninsule anatolienne au plan géopolitique. C'est un point de gagné pour un pays qui ambitionne d'avoir une place dans l'espace européen, la Turquie voulant adhérer à l'UE. Mais nombre de pays de la vieille Europe s'y opposent. De ce chapitre T. Ordogan en a parlé hier. Et abondamment. La Turquie a, a-t-il dit, engagé des réformes, une politique financière et monétaire et est en train de dégager de bons résultats sur le plan du budget. Il s'est déclaré contre le choc des civilisations, en allusion, semble-t-il, aux relents culturels et religieux dont certains Européens parlent, du moins en privé, pour empêcher la Turquie d'accéder à l'Union européenne. A propos du terrorisme, T. Ordogan a tenu un discours ferme, soulignant que ce qui se passe en Turquie, allusion aux Kurdes, n'est pas seulement l'affaire de l'Etat turc. Si, aujourd'hui, il concerne seulement la Turquie, le terrorisme pourrait affecter d'autres pays de la région, a-t-il noté. Et de poursuivre : «Il faut conjuguer les efforts pour éradiquer ce fléau.» L'invité d'honneur de cette 12 édition du «Musiad» a expliqué que les terroristes veulent que la Turquie ait des projets, qu'elle se développe, parce que, si elle y arrive, ils -les terroristes- perdront leurs bases arrière. Sauf que le pays est en train de mener des projets, beaucoup de projets : hydraulique, énergie, bâtiment, infrastructures…, a-t-il déclaré. Il a avancé une multitude de chiffres pour illustrer l'effort consenti par le gouvernement qu'il conduit. Le pays enregistre, depuis cinq ans, comprendre depuis son arrivée au pouvoir, une croissance de 6,8%, que le PIB va tourner autour de 750 milliards de dollars à fin 2008. Et ce n'est pas fini, la Turquie est classée, aujourd'hui, parmi les 17 premières économies au monde, et elle occupe la 6ème position à l'échelle européenne. La péninsule anatolienne a, par ailleurs, opéré une révolution dans le système de la sécurité sociale, comme l'a souligné son Premier ministre. Outre le discours de T. Ordogan, fortement ovationné, une série d'interventions a été faite à l'occasion de cette rencontre. Elles ont mis en relief la nécessité de renforcer la coopération entre pays arabes et musulmans dans une économie mondialisée, gagnée par une concurrence accrue, de promouvoir le volume des échanges. Mais pas seulement, nombre de participants ont souhaité que les pays arabes et musulmans allègent davantage les procédures d'investissement, facilitent l'octroi de visas pour les hommes d'affaires dans le monde musulman. Il a été également mis en exergue la nécessité de mettre en place un Fonds musulman analogue au Fonds monétaire international. Son rôle est d'aider le développement dans le monde musulman. La crise financière internationale s'est invitée aux débats du «Musiad». Nombre d'intervenants ont ainsi estimé que le capitalisme a montré ses limites, que la spéculation a ruiné des marchés, des économies, et qu'il faut réfléchir aujourd'hui à un autre système. Les effets de cette crise seront discutés samedi 25 octobre au cours d'une réunion regroupant les membres de la Banque islamique de développement, selon son président, présent à cette 12ème édition du «Musiad».