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La politique de subvention des produits alimentaires divise encore Une libéralisation des prix imposerait une politique salariale et la régulation de l'économie
La politique de subvention des produits de première nécessité, prônée par le gouvernement, suscite encore des débats et des réactions de la part du patronat des économistes et même des responsables politiques. Elle demeure toujours un sujet qui fait débat étant donné que le pays dépense, annuellement, des milliards de dinars pour soutenir certains produits de première nécessité, exposés aux aléas des marchés internationaux. Mais, pour les économistes, ce choix, bien qu'il soit une option politique et une mesure sociale, reste «discutable» sur le plan économique. Le dernier en date à avoir soulevé cette question n'est autre que l'ancien ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou. Ce dernier avait évoqué les faiblesses de cette politique devenue un gouffre financier pour le Trésor public, dont le coût est passé de 7 milliards de dinars en 2006 à 215,6 milliards de dinars en 2012. Lors d'une de ses récentes sorties, il n'a pas mâché ses mots quant à la fiabilité de cette politique, plaidant pour une révision de la politique des prix en Algérie afin de rééquilibrer les dépenses publiques. Il juge, en outre, que ces subventions sont bien marquées par «l'excès» et représentent 13% du PIB, toutefois, il a regretté le fait que 10% de la population bénéficient de 40% des subventions. En d'autres termes, il relève un déséquilibre flagrant dans cette politique. Le gouvernement avait également remis sur la table, à un certains temps, cette option afin de la revoir car c'est une mesure qui ne pourrait pas être appliquée éternellement. Le ministre du Commerce avait préconisé d'engager une réflexion dans ce sens tout en assurant que l'Etat pourrait ne pas avoir les moyens prochainement pour subventionner les produits de première nécessité. Certes, c'est une question qui se projette à moyen ou à long termes mais, elle reste tout de même posée. Qu'en pensent les économistes ? Contacté afin de connaître le regard porté sur «ce choix politique», M. Ahmine Chafir, économiste et enseignant à l'Université d'Alger, a reconnu l'existence de divisions sur la question des subventions, expliquant que deux courants mènent le débat actuel. Plus explicite, Ahmine estime que «le courant libéral appelle à la suppression de ces subventions et pense que ce système n'est pas équitable et profite à toutes les couches, riches, classe moyenne et pauvres». Ce courant, selon lui, met notre pays dans la catégorie des pays industrialisés qui pratiquent la libéralisation des prix. Cependant, juge-t-il, «ces pays ont adopté des systèmes flexibles, dynamiques là où le système social protège les couches défavorisées à travers des aides sociales ciblées et des services publics performants et mieux encore l'Etat contrôle les circuits commerciaux et maîtrise la régulation de tous les secteurs économiques». Ce qui n'est pas le cas en Algérie, regrette-t-il. Pour le cas algérien, Ahmine avoue que sans une politique salariale rigoureuse qui se baserait sur la productivité et un soutien aux secteurs productifs, il est très difficile de supprimer les subventions. «Imaginez un litre de lait à 100 DA dans la situation actuelle. Que se passera-t-il ? C'est l'explosion sociale», a-t-il dit. Dans ce cas de figure, sans ces préalables, entre autres une politique salariale, l'amélioration du pouvoir d'achat, des secteurs productifs performants et particulièrement la régulation de l'économie et le contrôle de tous les secteurs d'activités, «il n'est pas possible de mettre en place une politique de subvention ciblée» ou tout simplement une libéralisation des prix de tous les produits. Quant à l'argument avancé par certains selon lequel ce sont les riches qui en profitent, Ahmine pense que «c'est faux» puisque les riches peuvent faire face à la cherté de la vie ou une hausse des prix, mais pour les autres strates de la société, le fait de supprimer les subventions ne fera que «jeter de l'huile sur le feu», soutient-il. Donc, les avis différent sur cette question, bien qu'une seule vérité existe pour le moment, c'est celle de maintenir les subventions afin de soutenir un tant soit peu le pouvoir d'achat des citoyens. Le ministre des Finances, interrogé il y a quelques mois sur cette question, a réfuté toute idée de supprimer ces subventions car ce sont «un choix politique». Bien que le cadrage macroéconomique soit plus que favorable à ce «luxe», l'Algérie, dont les recettes proviennent essentiellement des hydrocarbures, devrait réfléchir à d'autres options autres que de soutenir le secteur de l'importation. Les économistes pensent que les sommes englouties dans ces différents soutiens pourraient être un appui financier conséquent au secteur productif. Mais là, c'est un débat qui commence.