Les négociations entre le pouvoir intérimaire malien et les Touareg ont commencé hier sous l'égide de la médiation burkinabé, qui a appelé à une cessation des hostilités en vue de la présidentielle en juillet. Devant les délégations des deux parties réunies à Ouagadougou, le président burkinabé Blaise Compaoré, médiateur pour l'Afrique de l'Ouest, a jugé qu'une cessation des hostilités créerait «les conditions de sécurité indispensables à la tenue d'élections libres et transparentes». Ainsi donc les représentants de l'Azawad ont opté pour la sagesse en acceptant d'entamer les négociations et l'appel à la cessation des hostilités, provoquées unilatéralement par l'armée malienne, après son attaque surprise mercredi dernier près d'Anefis, à une centaine de kilomètres de Kidal. Des combats meurtriers ont opposé l'armée malienne aux touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla). C'est sous le prétexte que le Mnla commettait des actes qualifiés d'«épuration raciale» par le régime malien, que l'attaque a été menée alors que les représentants des deux parties en conflit se trouvaient à Ouagadougou pour entamer les négociations. Cependant, les alliés de Bamako faisant pression pour une solution négociée, l'armée n'a pas continué à avancer sur Kidal. Les négociations qui se poursuivront jusqu'à demain porteront, notamment, sur le redéploiement de l'administration générale, des services sociaux de base, des forces de défense et de sécurité au nord du Mali et en particulier à Kidal, selon des modalités qui seront négociées, comme l'a souligné M. Compaoré. Rappelons que le Mnla et un autre groupe touareg, le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (Hcua), ont refusé jusqu'à présent à l'armée et à l'administration maliennes d'entrer dans Kidal. Ils exigent la sécurisation du scrutin par la Minusma, la force de l'ONU qui doit prendre à partir de juillet le relais de la mission panafricaine déployée au Mali (Misma). Demain, un document qui scellerait un accord intérimaire entre le pouvoir intérimaire malien et les Touareg devra être établi après que le président Compaoré aura reçu séparément la délégation de Bamako, conduite par l'émissaire pour le Nord du pays, l'ancien ministre Tiébilé Dramé, et la délégation conjointe Mnla-Hcua. Le médiateur régional recevra par ailleurs les autres groupes armés qui «souhaitent être informés du processus de dialogue». C'est un geste en direction de M. Dramé, qui avait amené à reporter le lancement des négociations, initialement prévues vendredi dernier, en réclamant à la dernière minute que le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) et la milice d'autodéfense loyaliste Ganda Koy prennent part aux discussions. Selon la médiation, il n'est toutefois pas question que ces deux groupes, qui n'ont pas d'ancrage à Kidal, soient autour de la table des négociations. Si demain un accord intermédiaire est scellé, le Mali ira vers son scrutin présidentiel, dont le premier tour est fixé au 28 juillet, avant que les pourparlers ne reprennent avec les nouvelles autorités légitimes installées à l'issue de la présidentielle. H. Y.
Le HCI insiste sur la présence de l'Algérie aux négociations Le président du Haut conseil islamique (HCI) du Mali, M. Mahmoud Dicko a affirmé hier «l'importance» de la présence de l'Algérie aux négociations en cours au Burkina Faso entre les autorités maliennes et les Touareg partant de la parfaite connaissance de l'Algérie du dossier malien. Dans une déclaration à l'APS, le président du HCI du Mali a estimé que l'importance de la présence de l'Algérie aux négociations qui précédent l'élection présidentielle au Mali résidait dans «sa parfaite connaissance du dossier malien en particulier et celui du Sahel africain en général». M. Dicko a émis le voeu de voir l'élection présidentielle prévue le 28 juillet prochain au Mali se tenir dans de «bonnes conditions», ajoutant que cette élection «doit-être un rendez-vous de sortie de crise et de l'impasse». APS