Les Algériens pâtissent de leur pouvoir d'achat qui a diminué, selon les chiffres du Conseil national économique et social (CNES), de 1,7 % par an en moyenne, entre 2001 et 2007. La détérioration de la vie des Algériens va donc crescendo ! Dans un contexte de mondialisation très délicat, où les prix des produits alimentaires prennent de l'envol, les salaires des Algériens évoluent mollement, excepté pour certains secteurs. Et malgré les grèves perlées et les manifestations qui sont devenues un sport national, les hausses des salaires restent en deçà du taux de l'inflation. Quant au taux du chômage, il reste élevé et dépasse, selon des observateurs, de loin les 10% avancé par le gouvernement. Les passe-droits et le favoritisme restent les normes de l'embauche dans les entreprises, crieront les citoyens. Mais, le mal numéro un, qui sévit sur la société algérienne, est bel et bien les magnats de l'informel. Dans tous les secteurs, ces «mercantis» font la pluie et le beau temps, défient et font du chantage aux pouvoirs publics. Dans l'intention d'éradiquer ces pratiques et barrer la route aux spéculateurs, l'Etat va mettre en place des régulateurs au marché. En effet, les prix des produits de large consommation, dont le sucre et l'huile, seront bientôt «régulés» par l'Etat à la faveur de l'entrée en vigueur des textes d'application des lois relatives aux pratiques commerciales et à la concurrence, a indiqué avant-hier le conseiller du ministre du Commerce chargé de la Communication, M. Farouk Tifour. Il faut savoir que les prix des produits de première nécessité ont été multipliés par dix voire plus entre 1990 et 2006. Des experts font endosser ces augmentations intempestives aux spéculations car l'inflation n'augmente plus au rythme du début des années 90 ; a contrario, elle a suivi une hausse de 3,18 % par an en moyenne entre 1998 et 2009, selon les statistiques de l'Office national des statistiques (ONS). Même si certains économistes, à l'instar du Docteur Abderrahmane Mebtoul, qui récusent la base de calcul de l'ONS et avancent des taux bien supérieurs. Pourtant, le prix d'un kilo de sucre en Europe avoisine le 1,50 euros et celui du litre d'huile de tournesol de base est proposé à environ 1,70 euros. En convertissant en dinars, il s'avèrera que le prix du sucre et du litre d'huile s'élèveront respectivement à 152 da et 161,7 da. Un détail de taille : la politique des salaires ne sont pas la même en Algérie. Le salaire minimum européen est plus de 10 fois supérieur à celui algérien ! Enfin, les textes d'application des lois portant sur les pratiques commerciales et à la concurrence, adoptées en juillet dernier, «entreront probablement en vigueur au cours du deuxième trimestre de cette année, ce qui va doter l'Etat d'un mécanisme de régulation durable des prix », a expliqué M. Farouk Tifour à l'APS. Et d'ajouter que «l'Etat pourra ainsi intervenir à travers trois principaux instruments que sont le plafonnement, la fixation ou l'homologation des prix de certains produits alimentaires et industriels afin d'éradiquer toute forme de spéculation à l'origine d'une flambée injustifiée des prix».«Les ministères du Commerce, de l'Agriculture et de l'Industrie se penchent actuellement sur la définition d'un panier de produits de large consommation qui seront gérés par ces trois instruments», a-t-il encore précisé, défendant son département ministériel, qui «suit de très près l'évolution des prix, était plus que jamais déterminé à préserver le pouvoir d'achat des citoyens». Des mesures drastiques contres les fraudeurs Ainsi, les agents économiques concernés par la vente de ces produits seront contraints de déposer les structures des prix de leurs marchandises et services et à respecter les marges de bénéfices qui seront fixés par l'Etat, a-t-il encore expliqué, rappelant que les sanctions à l'encontre des contrevenants à ces nouvelles règles seront «sensiblement durcies». Les prix du sucre et de l'huile ont connu des augmentations brutales durant les derniers jours, ce qui a alimenté des protestations sociales et poussé le gouvernement à prendre une batterie de mesures exceptionnelles pour les juguler. Un Conseil interministériel a décidé samedi d'exonérer les importateurs et transformateurs de sucre et d'huile, du 1 janvier au 31 août prochain, des droits de douanes, de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et de l'Impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS), ce qui les décharge de 41% de leurs obligations fiscales. En fait, le motif du choix de la date du 31 août, comme date butoir aux dernières mesures exceptionnelles du gouvernement, le porte-parole du ministère du Commerce a expliqué que cette date était motivée par le «double souci du gouvernement de préparer sereinement les textes d'application des lois sur la concurrence et les pratiques commerciales, et d'éviter la flambée des prix du sucre et d'huile durant le Ramadhan», coïncidant cette année avec le mois d'août. Revenant sur la déclaration du ministre du Commerce, Mustapha Benbada qui avait assuré dimanche dernier que les prix du sucre et d'huile allaient baisser davantage dès la mi-février, le chargé de communication a expliqué que le recours à l'importation des matières premières entrant dans la transformation de ces deux produits (bénéficiant de réductions fiscales et douanières) ne se fera qu'à la mi février après l'épuisement de leurs stocks actuels. «Les stocks déjà en circuit, c'est à dire chez les détaillants et les grossistes devraient s'épuiser d'ici la fin de ce mois et ceux existant au niveau des producteurs le seront vers la mi-février», précise-t-il. C'est à ce moment là, à savoir mi-février, poursuit-t-il, que les importateurs et les producteurs commenceront à répercuter les nouvelles exonérations fiscales sur les coûts et les prix. La baisse attendue dès la fin de cette semaine des prix du kg du sucre et des 5 litres d'huile de table respectivement à 90 DA et à 600 DA, n'est donc par liée à ces mesures mais à «une intervention financière de l'Etat qui a décidé de payer aux producteurs le manque à gagner engendré par l'application des prix plafonnés», a tenu à rappeler le représentant du ministère. Questionné sur le sort des prix de ces produits après l'expiration des huit mois (janvier-août), le responsable du ministère du Commerce n'a pas écarté une éventuelle intervention similaire du gouvernement «à chaque fois que la conjoncture l'exige». «Le ministère continuera à observer les prix et si l'application du nouveau mécanisme de régulation s'avère insuffisante après le 31 août, rien n'empêche le gouvernement d'intervenir une nouvelle fois». «Ca sera une lutte sans merci contre la spéculation et les pratiques illicites que nous voulons réussir avec le soutien de nos agents de contrôle», a-t-il conclu.