Les volaillers des marchés d'Oran notent une montée de la mercuriale ces jours-ci. Le prix de la viande blanche fait l'objet de manœuvre sans précédent. Le kilo atteint 270 Da, une augmentation qui commence par inquiéter plus d'un consommateur. Les pouvoirs publics envisagent, pour contrecarrer toute tentative de spéculation, de maintenir le prix du poulet au seuil des 250 Da et ce, à travers le renforcement du stock du mois de Ramadhan à quelques 3.300 Tonnes de viande blanche. Mais pour les habitués du Souk, Ramadhan est la période de la «traite». Le consommateur a fini par se résigner face aux spéculations saisonnières qui lui tombent dessus, chaque fois que l'occasion s'y prête. Comme c'est le cas actuellement. En cette période de l'année, le poulet est l'aliment le plus demandé et accessible aux moyennes et petites bourses. Les points de vente de volailles dans la wilaya d'Oran sont pris d'assaut par les chefs de familles. Le marché de la rue des Aurès et ses rues adjacentes, par exemple, sont inondés de volailles. Des vendeurs ambulants très agressifs hèlent le client jusque dans les allées obscures. Les acheteurs se bousculent autour des cages à M'dina J'dida. Cependant, depuis l'approche du mois de Ramadhan, le prix du poulet qui a abandonné ces ailes, s'est précipité dans l'ascenseur au grand désarroi des Oranais. Cédé, il y a deux semaines à 270 Da, le poulet approche aujourd'hui les300 Da. Pour cerner les raisons d'une telle flambée, un petit tour s'imposait sur quelques marchés de la ville. «J'ai du mal à comprendre cette spéculation dans nos commerces. J'ai remarqué qu'à chaque fois que la demande d'un produit s'accroît, l'esprit de spéculation des commerçants s'éveille. Je viens d'acheter ces petits poulets de presque un kilo à 270 Da l'unité et ce n'est pas encore Ramadhan. C'est trop ça !», s'indigne un chef de famille, croisé au marché de la rue des Aurès. Une mère de famille, était sidérée. «J'étais venue acheter une vingtaine de poulets pour un dîner offert par mon mari à ses amis. Malheureusement, je n'ai pu acheter que 13 poulets. « Ce produit est devenu cher, même très cher pour l'algérien moyen », fulmine-t-elle. Le poulet d'élevage est, assure-t-elle, en rupture de stock sur le marché. Les vendeurs de poulets, eux par contre, se frottent les mains avec délectation. Un volailler qui vend des poulets au marché de cette même rue, ne cache pas sa joie. « Depuis une semaine, je peux liquider 200 à 300 volatiles par jour. Dieu merci, vraiment cette année, les affaires marchent plutôt bien », admet-il tout en reconnaissant la valse sauvage des prix. En fait, ces vendeurs sont le dernier maillon d'une longue chaine qui participe de ce renchérissement excessif. En effet, le commerce de poulet se compose de plusieurs segments. Les acheteurs se déplacent de viticulteurs en viticulteurs, de village en village, de foire en foire, jusque dans les coins les plus reculés pour acquérir le précieux volatile. Une fois en zone urbaine, ils la cèdent aux grossistes qui à leur tour la revendent à des demi-grossistes installés dans les différents marchés des villes d'Oran. Ainsi chaque maillon de la chaîne, chaque intervenant prélève sa part. Ces parts cumulées viennent alors grossir la dépense imposée au consommateur. En réalité, les explications diffèrent d'un commerçant à l'autre.