Selon un adage bien de notre terroir, «quiconque travaille dans le miel, en goûte au moins une fois dans sa vie près des ruchers». À ne pas confondre avec se sucrer à tous les râteliers, car la carie peut prendre à tout moment et s'enraciner. Le remaniement ministériel de la dernière fin de semaine, bien qu'il ne veuille pas dire son nom, porte en arrière plan le sceau de la lutte contre la corruption, contre les malversations, contre les contrats impurs. Et ce n'est un secret pour personne que Khelil Chakib a été limogé, certes diplomatiquement, mais limogé au sens plein du terme. Il n'y a pas lieu de se faire un dessin pour comprendre. Car, en clair, dans les faits, dans la pratique et la vie de tous les jours, Khelil était Ministre doté de pouvoirs que lui confère sa mission. Il chapeautait, parmi tant d'autres entreprises nationales, la Sonatrach et la Sonelgaz, comme il le disait si bien et il avait plein pouvoir de décision pour tous les contrats qui impliquaient les entreprises sous son burnous de ministre. Donc sur cette question, il n'y a plus de place pour jouer au chat et à la souris, un jeu qui a duré plus d'une décennie. Pourtant, tout le monde, ou presque, le savait à l'exception de ceux touchés par une certaine cécité qui a pour nom «l'arbre qui cache la forêt ». Le seul hic dans cette histoire, c'est que l'on n'a pas voulu bousculer l'ordre des choses, l'ordre des évènements qui ont déboulé en quelques fractions de seconde. Certes, Khelil ne discutait pas le contenu des accords au moment de leur élaboration. Il n'émargeait pas les minutes. Mais, par contre, il ficelait les contrats à leur stade final. Des contrats à couleur et au goût du miel, ce miel qui la plupart du temps, attire les abeilles. Chakib Khelil était le patron de l'Economie algérienne. Son département a été éclaboussé par des scandales financiers. Certains de ses collaborateurs sont sous contrôle judiciaire, et certains de leurs enfants placés sous mandat de dépôt. Chakib Khelil était encore ministre. Président en exercice de l'OPEP. Grand patron du colloque GLN 16. Il parlait encore au nom de l'Algérie depuis les États-Unis où il a soigné son patrimoine, notamment dans le Maryland et à Washington D.C. Autant de faits, autant d'actes qui n'ont d'autres noms que trahison et traîtrise. Magouille et pots-de-vin. Corruption et complicité de corruption. Crimes économiques. La cavale aura assez duré. C'est l'heure des bilans. L'heure de rendre des comptes. Sans grâce ni fioriture. Juste dans la clarté, la limpidité et la transparence. Selon le Continental news ce remaniement est une «ultime tentative de sauver la face d'un ministre de l'Énergie fragilisé par la tornade des affaires qui a emporté, en prison ou sous contrôle judiciaire, le staff de Sonatrach. Le secteur, vital pour l'Algérie, était déstabilisé. Mais la présence de Chakib Khelil à la tête du Secteur de l'Energie, alors que les affaires de corruption ont emporté ses proches et s'approchaient de lui, maintenait un facteur de doute ».