La crise du logement en Algérie pourrait être expliquée en partie par les prix élevés des matériaux de construction, selon Younsi, représentant d'un bureau d'études international. En fait, les agrégats constituent, faut-il le rappeler, un élément déterminant du coût du m2 habitable. D'où la nécessité de prendre en charge cette question d'augmentation par trois, voire quatre fois les tarifs des matériaux de construction. L'interdiction de l'extraction du sable à partir des rivières et l'absence de carrières ont également provoqué la pression sur cet agrégat. Ainsi, la hausse des prix des agrégats entraîne celle du logement, mais, c'est conjoncturel, estiment les professionnels qui parlent d'une régulation du marché dès la concrétisation des projets d'investissement pour l'exploitation des carrières. Ce phénomène s'est accentué surtout après l'annonce des grands projets structurants inscrits dans le cadre du programme de soutien à la relance économique en Algérie. A cet effet, les promoteurs proposent aussi l'utilisation de nouveaux systèmes de construction, tels que les panneaux qui consomment moins d'agrégats. Ce qui va réduire, selon eux, à coup sûr, les délais et par là même les coûts. Sur un autre registre, outre le financement des entreprises de réalisation, les promoteurs immobiliers, le Crédit populaire d'Algérie ouvre ses structures à la conception des programmes de logements, à l'architecture. Cette banque vient en outre, de signer un contrat avec l'organisation des architectes pour le financement de leurs bureaux d'études et leurs activités. M. Djamal Bessa, P-DG de la Cnep-banque suggère quant à lui, la tenue d'assises communes qui regrouperont tous les intervenants sur le marché de l'immobilier, notamment les entreprises de réalisation, les architectes, les promoteurs et les financiers dans le but de dégager un consensus sur les voies et moyens à utiliser pour atteindre l'objectif de développement plus accru du marché de l'immobilier au profit du citoyen. La modernisation du système de paiement en Algérie aura des incidences bénéfiques directes, soulignera M. Bessa, sur le montage financier des projets de promotion immobilière. Ainsi, les virements, qui nécessitaient auparavant, avouera-t-il, une dizaine de jours, peuvent, grâce à ce nouveau système, être réglés en une seule journée. "Ce sont, par conséquent, autant de jours gagnés sur les délais de réalisation", précisera-t-il. Le délai de traitement des dossiers peut être, en outre, allégé en termes de temps à l'aide des actions de décentralisation, de délégation de pouvoir prévues par cette mutation. "On ne peut plus attendre 6 ou 8 mois pour obtenir un permis de construire", indiquera M. Bessa. Pour rappel, dans son discours à l'ouverture des assises de l'architecture, le président Bouteflika a expliqué que le programme quinquennal 2005-2009, financé ou substantiellement aidé par l'Etat, prévoit de construire 1 200 000 unités, dont environ 200 000 au titre des programmes complémentaires inscrits au profit des wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux. Le président de la République a donné quelques chiffres concernant la relance du relogement : " L'enveloppe financière, à mobiliser dans ce cadre, représente près de 700 milliards de dinars, dont plus de 100 milliards au titre de l'amélioration urbaine, destinés en particulier à résorber les déficits en viabilité, accumulés durant des décennies". Dans ce sens, le chef de l'État a, alors, incité les architectes à jouer "un rôle fondamental à jouer dans la rupture que nous voulons promouvoir avec les réalisations sommaires du passé", en leur promettant d'être à l'écoute de leurs "propositions et suggestions, parce que la qualité du cadre de vie à laquelle l'architecture participe essentiellement, constitue un des volets et un formidable accélérateur du progrès social".