A l'instar de beaucoup de pays, l'Algérie enregistre un déficit dans l'industrie agro-alimentaire, ce qui explique la facture de plus en plus élevée atteignant les 5 milliards de dollars jusqu'à présent. En effet, le pays, après des années de marasme économique est, aujourd'hui confronté à un défi important : diversifier son économie pour échapper aux fluctuations du marché pétrolier et aux aléas des productions agricoles. Ce défi est exprimé à travers les programmes de relance de la croissance mis en place par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. Un vaste programme de développement de la compétitivité industrielle a été mis en place et consiste en la "conduite d'une nouvelle démarche" d'accompagnement du secteur productif en prévision de l'application du vaste processus de privatisation. Ce programme et le dispositif de mise en œuvre ont pour objectif d'accompagner le processus de libéralisation de l'économie qui, à l'horizon 2010, devrait se traduire par l'application des règles multilatérales régissant le commerce dans le cadre de l'OMC et l'instauration d'une zone de libre-échange avec l'Union européenne. Nombre d'experts et d'analystes estiment que l'industrie agroalimentaire en Algérie, est l'un des principaux futurs moteurs du retour à la croissance, principalement dans la filière céréales, des produits laitiers, la conserverie, ainsi que les corps gras, les eaux minérales et le raffinage du sucre. Cependant, des insuffisances existent toujours dans les domaines de la transformation, de la conservation, de la valorisation et de la vente, des domaines où une expérience internationale et un transfert de technologie sont primordiaux. L'ouverture, aujourd'hui à Alger, de la Conférence sur le secteur agroalimentaire sous l'égide du Forum des chefs d'entreprise avec la participation de tous les acteurs concernés, se penchera sur la valorisation des potentialités économiques du secteur, lesquelles sont significatives. Il s'agit surtout de trouver les solutions à la réduction de la facture alimentaire du pays et qui pourrait atteindre dans un avenir proche l'enveloppe de 10 milliards de dollars. Pendant les années d'économie centralisée, l'Algérie avait donné la priorité à son industrie lourde, en négligeant la valeur "stratégique de l'agriculture". Un changement de politique s'est produit avec le lancement en juillet 2000 du Programme nationale de développement agricole (PNDA). Ce programme a pour but de diminuer la facture des importations et d'assurer en même temps la sécurité alimentaire en diversifiant les productions des exploitations agricoles comme la céréaliculture, l'arboriculture, l'oléiculture, la viticulture, les cultures maraîchères et la filière animale. Confrontée aux besoins d'une population croissante, dont le niveau de vie s'est globalement amélioré, limitée par les aléas climatiques et des déperditions de ressources, concurrencée à divers titres par les autres secteurs d'activité, soumise à un appareil technico-administratif fluctuant et contraignant, l'agriculture apparaît comme un secteur incapable à contribuer correctement à l'accumulation au profit de l'économie nationale. Malgré les importants investissements initiés, on note une insuffisance de la production par rapport aux besoins de la population et des secteurs économiques liés à l'agriculture. La faiblesse de ces productions est encore plus manifeste eu égard aux réelles potentialités du secteur et de la filière agroalimentaire. C'est à partir d'une saine et rigoureuse appréciation des choses et d'une évaluation objective des moyens, des besoins et des buts qu'il faut formuler des propositions d'orientation visant à moderniser l'agriculture en valorisant les potentialités naturelles appréciables, permettant ainsi de répondre aux besoins de la population. Il faut, selon M Rédha Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise, un cadre incitatif en matière d'investissements, des prêts bonifiés, des aides à l'exportation, et un soutien multiforme, souvent exigé, pour que l'appareil industriel puisse évoluer dans un contexte plus favorable. La modernisation de l'agriculture et ses filières est donc possible. Elle nécessite une action correcte et prolongée subordonnée à un ensemble de conditions et de préalables. Dans le cadre du programme de relance économique, le gouvernement a opté pour une stratégie qui se propose de résorber les déséquilibres internes et externes de l'économie nationale et d'assurer une croissance constante. Elle vise à garantir le plein emploi et à satisfaire les besoins de première nécessité de la population par la production nationale. La réduction de la dépendance extérieure, grâce à une politique soutenue d'intégration où les industries des biens d'équipement et la petite et moyenne industrie constituent les éléments moteurs, demeure dans cette stratégie un axe directeur de la nouvelle stratégie industrielle. Des progrès importants ont déjà été atteints dans ces domaines, particulièrement avec les résultats et les impacts satisfaisants de l'application du PNDA. Il s'agira, aujourd'hui, d'accentuer les efforts pour que tous les déficits soient résorbés en agissant tant sur les investissements complémentaires encore nécessaires que sur l'amélioration de l'utilisation de l'outil de production déjà mis en place, et en assurant une plus grande souplesse et une plus grande fluidité de cette démarche importante. C'est dire que les objectifs de progrès et d'indépendance commandent la satisfaction, en toute priorité, des besoins élémentaires, à savoir le développement d'une économie nationale qui induit une augmentation des revenus distribués et une amélioration du niveau de vie. Aussi, parallèlement à l'objectif d'une couverture totale par la production nationale des besoins en produits de consommation courante, notamment dans les branches alimentaires, textiles, matériaux de construction et produits énergétiques, l'accent devra être mis en plus sur la production des biens de consommation durables pour lesquels l'industrie nationale ne contribue que de façon modeste. Des actions dans ce domaine doivent être entreprises et renforcées en fonction des objectifs du modèle de consommation envisagé et de l'évolution sensible du niveau de vie. Il s'agira, si l'on se réfère au programme du gouvernement, d'entreprendre des actions d'investissement qui permettront de ne plus recourir aux importations dans nombre de filières.