La crise alimentaire qui secoue les quatre coins de la planète, depuis plusieurs mois déjà, n'est pas près de s'estomper et risque de s'inscrire dans la durée avec tout le lot de désastres qu'elle fait planer sur les pays vulnérables au faible revenu. Ce qui n'était au début qu'une simple perturbation qui a affecté le marché mondial de certains produits de base, comme le lait et les céréales, ébranle désormais les pays les plus industrialisés au monde ainsi que les institutions les plus puissantes à l'échelle mondiale. Les deux institutions issues des accords de Bretton Woods, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, ne cachent pas ainsi leur inquiétude quant aux défis auxquels le monde entier est confronté au regard de la sécurité alimentaire plus que jamais fragilisée. Ainsi, la Banque mondiale, a annoncé, il y a quelques jours, que "le groupe de la Banque mondiale a annoncé aujourd'hui qu'il appuierait les efforts déployés au plan international pour surmonter la crise alimentaire mondiale en créant un mécanisme de financement rapide portant sur un montant de 1,2 milliard de dollars pour faire face aux besoins immédiats ; sur ce montant, 200 millions de dollars seront accordés sous forme de dons en faveur des populations vulnérables des pays les plus pauvres du monde". Ceci au moment où l'institution s'est engagée à porter à 6 milliards de dollars le montant global de l'appui mondial au titre de l'alimentation et de l'agriculture, alors qu'actuellement cette aide est de 4 milliards de dollars. Pour faire face aux conséquences de cette crise alimentaire, le groupe de la Banque mondiale a ainsi mis au point un programme d'urgence d'intervention dans les pays pauvres. En parallèle, le président du groupe de la Banque mondiale lance un appel pour venir en aide immédiatement à 20 pays les plus pauvres dans le monde, avant que la flambée des prix des produits alimentaires ne condamne des millions de personnes de plus à vivre dans la pauvreté ou à souffrir de malnutrition. En outre un plan a été arrêté pour faire face à cette crise. Celui-ci suggère, entre autres, de "financer l'intégralité des besoins d'urgence et assurer la circulation sans entrave des prestataires d'aide humanitaire", "appuyer la mise en œuvre de mécanismes de protection, comme la distribution d'aliments dans les écoles ou l'offre de vivres contre travail, pour pouvoir rapidement aider ceux qui sont au bord de l'abîme". Le FMI, lui aussi, à l'instar de la Banque mondiale, n'est pas moins mobilisé face aux effets néfastes de la crise alimentaire qui touches de plus en plus de populations dans le monde. C'est ainsi qu'il y a quelques jours, le directeur général du FMI, Dominique Strauss Kahn, se prononçant à la conférence des Nations unies sur la sécurité alimentaire mondiale, a mis en garde contre la hausse spectaculaire des prix des produits alimentaires qui n'a pas manqué de provoquer des effets inflationnistes à l'échelle mondiale et menacent les économies des pays à faible revenu, surtout en Afrique, sans pour autant s'alarmer en rassurant que la crise peut être gérée à la seule condition d'agir "d'un point de vue moral et économique". Pour gérer justement cette crise, l'institution dirigée par l'ancien ministre français, Dominique Strauss Kahn, recommande, par exemple, des financements supplémentaires pour les pays les plus touchés ainsi que la coordination des actions menées avec les Nations unies et la Banque mondiale.