Pour honorer ses engagements dans le cadre des décisions de l'Opep visant la réduction de la production, l'Algérie a déjà réduit la sienne de 59 000 b/j à partir du 1er novembre dernier, et des instructions ont déjà été données pour la deuxième réduction de 25 000 b/j à partir du 1er février, a affirmé samedi le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, en marge d'une cérémonie de signature de contrats miniers. Ces déclarations interviennent au moment où les cours du pétrole ont perdu 10% de leur valeur depuis le début de l'année, tombant à leur plus bas niveau depuis juin 2005. Les conditions climatiques comptent, certes, parmi les principaux facteurs qui orientent les prévisions, mais ce qui semble influer le plus les cours, selon de nombreux analystes, c'est le manque de discipline au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole qui s'était engagée à réduire sa production de 1,2 million de barils par jour en novembre dernier, puis de 500 000 barils par jour en février prochain, afin de défendre un prix plancher de 60 dollars. Un manque de discipline qui semble ressortir dans les déclarations de M. Chakib Khelil qui a indiqué qu'"on a déjà prévu de baisser de 1,2 million de b/j mais apparemment, il n'y a que 700 000 b/j qui ont été retirés et il reste donc 500 000 b/j", espérant, par ailleurs, que d'ici le 1er février, date de la mise en œuvre de la deuxième décision de l'Organisation de réduire de 500 000 b/j sa production, tous les membres auront appliqué leurs engagements. Selon une enquête publiée vendredi par l'agence Reuters, il ressort que l'Opep n'a guère progressé en décembre sur la voie de la réduction de sa production, pourtant souhaitée par nombre de ses dirigeants pour soutenir les cours du brut, l'augmentation des pompages de certains pays membres occultant la baisse de ceux qui ont appliqué la décision. L'offre des 10 membres de l'Organisation des pays exportateurs liés par les quotas de production ressort pour décembre à 26,96 millions de barils par jour (bpj), soit 60 000 bpj de plus qu'en novembre. "L'Opep continue de pomper bien au-dessus de ce qu'elle espère réaliser", note Conrad Gerber, du cabinet de consultants Petrologistics, qui estime la production de l'Opep en suivant les expéditions par voie maritime. "Je ne suis pas surpris de voir les cours baisser". L'offre des 10 pays de l'Opep soumis aux quotas reste supérieure à l'objectif de 26,3 millions de bpj fixé par le cartel pour novembre, montre l'enquête réalisée auprès de consultants, d'analystes et de compagnies pétrolières. Concernant les prix du pétrole, qui ont perdu ces derniers jours plus de 3 dollars par baril, M. Chakib Khelil a estimé qu'ils peuvent remonter si les conditions climatiques dans le monde changent par rapport à la douceur actuelle qui les caractérisent. "Cette baisse est tout a fait normale parce que le temps est doux et la demande faible surtout pour les distillats et le fuel, mais ils peuvent se retourner rapidement si le temps change", a dit le ministre. Il a ajouté qu'il s'attend à une stabilisation des prix sur le marché avec l'application "graduelle" des dernières décisions de l'Opep de réduire sa production. "Au fur et à mesure que l'application se met en marche, il y aura retrait de la production du marché et les prix vont se stabiliser au niveau actuel", a expliqué M. Khelil.