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«Notre tâche est de répondre aux exigences en énergie des pays développés » Sergey Panferov, directeur du bureau de liaison de Gazprom à Alger, au Maghreb
Entretien réalisé par Melissa R. Dans l'entretien qu'il nous accordé, M. Sergey Panferov, directeur du bureau de liaison de Gazprom à Alger, fait ressortir tout l'intérêt que porte la compagnie au partenariat, particulièrement avec Sonatrach. Il indiquera, dans ce sens que les deux compagnies sont toujours à la recherche d'opportunités de coopération concrètes. Abordant le volet du marché international du gaz, M. Panferov préconisera plus de coopération entre les pays producteurs. Dans ce contexte, et à propos de l'Opep du gaz, il estimera que ce genre d'organisation ne serait que la bienvenue et servirait aussi bien les intérêts des pays productuers que ceux des pays consommateurs. Le Maghreb : Gazprom vient a ouvert récemment un bureau de liaison à Alger. Est-ce le signe s'un renforcement des positions de la compagnie en Algérie ? M. Sergey Panferov : L'ouverture de ce bureau de liaison est le reflet de tout l'intérêt que peut porter Gazprom en tant que plus grande compagnie gazière au monde à ses partenaires sur le marché du gaz et du pétrole. Sonatrach est un acteur très puissant sur le marché international. Sonatrach s'ouvre aujourd'hui plus énergiquement vers l'international. Sonatrach et Gazprom en tant que plus grands fournisseurs en gaz des pays d'Europe disposent de beaucoup de champs et d'opportunités de coopération. Cette coopération peut toucher l'amont, le marketing et l'aval. Ce n'est pas la première fois que Gazprom et Sonatrach entrent en contact pour discuter d'éventuels champs de coopération. La visite de M. Alexandre Medvedev, qui est le vice-président du comité de direction de la compagnie Gazprom, a été consacrée à l'indentification de possibilités plus concrètes de coopération avec Sonatrach. On a saisi cette occasion pour ouvrir officiellement notre bureau de liaison à Alger. Sonatrach et Gazprom ont déjà signé un mémorandum d'entente. Néanmoins, cet accord est arrivé à échéance sans aboutir à quelque chose de concret. Y a-t-il des discussions pour la signature d'un autre mémorandum dans le même sens ? Il est vrai que lorsque nous étions liés par ce mémorandum nous n'avions pas entamé de projets concrets. Mais cela ne veut pas dire du tout que les deux parties en recherchaient les possibilités. Cette fois-ci, on a décidé de travailler ensemble pour mieux identifier les possibilités d'aboutir à des projets concrets. C'est une seconde phase de coopération. On passe des déclarations générales et des mots à la recherche de champs de coopération que ce soit en Russie, en Algérie ou dans les pays tiers. Cela ne veut pas dire qu'on va forcément arriver à un nouveau mémorandum. L'intérêt des deux parties est d'arriver à des projets concrets. Lors du lancement du premier appel d'offres de l'Alnaft, dans le cadre de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, aussi bien Mohamed Meziane, P-DG de la Sonatrach que Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, ont insisté sur la nécessité d'arriver à des partenariats croisés avec échange d'actifs. Est-ce que Gazprom est prête à s'inscrire dans ce genre de démarche, alors que le secteur pétrolier en Russie est moins ouvert ? Cela dépend. Chaque pays a une législation spécifique en ce qui concerne le secteur et a des engagements avec ses partenaires. On ne peut pas dire que le secteur des hydrocarbures en Russie est moins ouvert qu'en Algérie, juste par ce qu'il y a beaucoup plus de sociétés étrangères qui travaillent en Algérie. En Russie, Gazprom n'est pas la seule compagnie qui active dans le secteur. Il y a aussi Lukoil et Rosneft. D'ailleurs, Rosneft est aussi présente en Algérie. J'estime que le lancement du nouvel appel d'offres dans le cadre de la nouvelle loi sur les hydrocarbures ouvre davantage de possibilités de coopération. Cela s'ajoute à nos discussions directes avec Sonatrach. Pour en revenir à votre question, je peux vous dire que Gazprom est disposée à aller vers une coopération basée sur l'échange des actifs. Vous avez fait de l'ouverture de votre bureau d'Alger et de votre rapprochement avec l'Algérie une porte pour votre développement en Afrique. Pourriez-vous nous expliquer votre stratégie dans ce sens ? Notre bureau de liaison est conçu comme un bureau régional. J'estime que notre choix s'est naturellement porté sur Alger pour accueillir ce bureau. Gazprom a obtenu un contrat de recherche et d'exploration en Libye, lequel est un pays voisin de l'Algérie. Notre présence sur le continent noir va se développer bien entendu. Nous nous intéressons à d'autres pays d'Afrique, comme le Nigeria avec lequel nous avons déjà des discussions qui ont bien avancé et qui, espérons-le, vont se solder par la signature de contrats et de conventions. Notre bureau de liaison sera chargé des missions d'aide et de liaison pour coordonner les actions liées à cette coopération directe. Le gaz naturel liquéfié (GNL) est en train de prendre de plus en plus de place dans la structure du marché international. Quelle est votre vision par rapport au développement de ce segment ? Le GNL représente déjà un composant très important du marché international du gaz. Je pense que son importance ne fera que croître dans les années à venir. Il faut savoir que le développement du GNL ne sera pas linéaire et bien facile. Car ce type de produits nécessité la réalisation d'infrastructures importantes et de gros investissements. Il y a aussi un autre problème. Il n'y a que deux ou trois compagnies qui détiennent la technologie et qui tiennent à leur know-how. L'accès à la technologie GNL n'est pas très libre et n'est pas très facile. Ne pensez-vous pas que la coopération entre pays producteurs de gaz serait la bienvenue dans ce domaine là ? Oui, bien sûr. C'est évident et c'est une nécessité. Les pays producteurs doivent coopérer et coordonner leurs efforts par rapport aux conditions d'accès au marché. C'est une nécessité, d'autant plus que les pays consommateurs se concertent et coordonnent leurs efforts et on peut même dire que parfois ils imposent leurs conditions et leur point de vue au cours des discussions. C'est tout à fait naturel que les pays producteurs trouvent une base commune et trouvent la possibilité de répondre aux besoins et aux défis. Ces questions ne se discutent pas néanmoins entre les compagnies pétrolières et gazières des pays producteurs. Celles-ci se discutent en général au niveau intergouvernemental et ce, dans le cadre du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG). La prochaine rencontre du FPEG est prévue à Moscou vers la fin de l'année. On espère que les pays producteurs vont arriver à des conclusion plus spécifiques et plus concrètes par rapport aux perspectives de développement de la coopération. Justement, à propos du Forum des pays exportateurs de gaz, l'idée a cheminé concernant la possibilité de faire de ce forum une organisation semblable à l'Opep et d'en faire une Opep du Gaz. Pensez-vous que cela soit possible ?Non. Je ne pense pas que cela soit possible. Ce sera un autre type d'organisation. Il s'agira en premier lieu de définir les conditions générales de coopération. Je pense que c'est une question qui constituera la tâche essentielle de cette organisation. C'est tout à fait naturel qu'on crée aujourd'hui ce genre d'organisation. Même si le pétrole est aujourd'hui la référence en matière énergétique, le développement des énergies a fait que le gaz, qui a son importance et qui est écologiquement plus clair ; prend de plus en plus de place dans les économies des pays développés ou en voie de développement. Cela ne veut pas dire que nous faisons quelque chose qui est contraire aux règles. On les respecte et on est en train de développer ces règles. Nous sommes en train de développer une situation de dialogue et de discussion. Notre tâche est de répondre aux exigences en énergie des pays développés et des pays d'Europe en particulier. Ces besoins vont encore croître à l'avenir. Vous devez savoir que les pays d'Asie comme l'Inde et la Chine sont des pays en pleine croissance et dont la demande augmente très vite. Vous voulez dire donc qu'une coopération renforcée entre pays producteurs ne va aller que dans l'intérêt des pays consommateurs…Bien entendu. Nous ne produisons pas juste pour produire. Nous produisons pour un marché et les consommateurs constituent la partie la plus importante de ce marché.