Le Fonds monétaire international (FMI) semble prêt à lancer sa procédure de recommandations s'il observe des déséquilibres dans le taux de change d'une monnaie. Celui-ci vient de rendre publiques les nouvelles modalités de la surveillance qu'il exerce sur les politiques économiques des États membres, en précisant, en particulier, comment il examinera avec les pays les problèmes du taux de change et leurs conséquences pour l'économie mondiale. Les nouvelles modalités ont pour but de faciliter l'application de la décision capitale adoptée l'année dernière par le conseil d'administration. Cette décision a renforcé la surveillance que le FMI exerce sur les politiques économiques des États membres, en plaçant la stabilité externe au coeur de celle-ci, en recentrant les activités de l'institution dans ce domaine et en encourageant une plus grande franchise en la matière.Ces mesures supplémentaires ont pour effet de rendre plus efficace la surveillance, alors que la flambée des prix des matières premières, le ralentissement de la croissance mondiale et la persistance des déséquilibres internationaux provoquent un regain de tensions au sein de l'économie mondiale. Le FMI, dont le rôle principal est de promouvoir la coopération monétaire internationale, avait annoncé, en juin 2007, une importante réforme, pour la première fois en trente ans, de son cadre de surveillance des politiques de changes. Mais l'application de cette réforme s'est parfois heurtée aux difficultés techniques posées par l'évaluation des déséquilibres et la franchise, qui serait souhaitable dans certaines discussions sur les taux de change, s'est révélée un sujet délicat. Le document clarifie plusieurs concepts touchant à la stabilité externe, en mettant à profit l'expérience acquise par les services du FMI au cours de la première année d'application de la décision dans différents pays. Jusqu'à présent, il s'est avéré difficile de parvenir à une appréciation définitive sur les taux de change (par exemple sur l'existence éventuelle d'un désalignement fondamental). Au cours de l'année écoulée, les services et la direction du FMI ont eu des entretiens approfondis avec les autorités de plusieurs États membres pour lesquels ce type d'appréciation est envisagé. Ces entretiens se sont révélés très utiles, notamment parce qu'ils ont permis d'accorder l'attention voulue au niveau des taux de change et au régime de change pour déterminer s'ils étaient appropriés, sujets qui, jusque-là, étaient restés à l'arrière-plan, et parce qu'ils ont permis aux services du FMI et aux autorités de confronter soigneusement leurs points de vue. Comme ce dialogue a eu lieu en dehors du Conseil d'administration, les administrateurs du FMI et les États membres qu'ils représentent n'ont pas eu l'occasion d'écouter les arguments du pays concerné ou de présenter leur propre point de vue. "Dans chaque cas, j'expliquerai au conseil d'administration la raison de mes préoccupations. J'indiquerai en temps normal aux administrateurs quelles sont les mesures susceptibles de dissiper mes craintes", précise le directeur général Dominique Strauss-Kahn dans ce document. Cette "consultation ad hoc" devra alors déboucher "à peu près en six mois" sur des recommandations au pays concerné, soumises au vote du conseil d'administration, ajoute M. Strauss-Kahn. Cette procédure présente plusieurs avantages. Premièrement, elle garantira que la voix de la communauté internationale se fasse entendre (par le truchement du Conseil), que la nature des discussions soit bien comprise et que l'ensemble du processus se déroule de façon impartiale. Deuxièmement, elle offrira plus clairement aux États membres l'occasion de formuler et de présenter leur point de vue de façon exhaustive et, s'ils le souhaitent, d'ajuster leurs politiques. Troisièmement, elle aidera le FMI à parvenir à une conclusion définitive sur des points spécifiques (à déterminer si le taux de change d'un pays est fondamentalement désaligné ou si un pays enfreint au moins un des quatre principes de la décision). La surveillance des changes a été, faut-il le souligner, un sujet de discorde ces dernières années, principalement entre la Chine, qui y voit un danger pour sa croissance, et les Etats-Unis, qui souhaitent une réévaluation du yuan.