Comme il était prévu, les enseignants des lycées techniques et des technicums ont maintenu leur grève pour protester contre la décision de placer leurs établissement sous la tutelle du ministère de la Formation professionnelle. Par solidarité, certains lycées de l'enseignement général se sont mis également en grève, et cela malgré les assurances du ministère de l'Education nationale. Dans ce cadre, une enseignante d'un lycée technique d'Alger-centre s'est exprimée hier, en indiquant que "les autorités doivent nous expliquer quel sera l'avenir des enseignants concernés. Puisque le ministre affirme que personne ne va partir, et que feront ces derniers si leurs matières seront supprimées". Protestant contre les propos du ministre qui avait déclaré "on va les appeler à l'occasion", un autre enseignant dira : "On n'est pas des bouche-trous, et certains enseignants ont une carrière de 20 à 25 ans". Il y a lieu de signaler que la Coordination nationale des lycées techniques et technicums (CNLTT) a observé une journée de débrayage en signe de protestation à travers tout le territoire national. A cet effet, le porte-parole de cette coordination, M. Kamel Bendaikha, a déclaré que "cette journée est une réponse au ministère de l'Education nationale qui annonce, avec ses réformes la suppression de l'enseignement technique. Laquelle suppression compromettra, inéluctablement, l'avenir des quelque 6 000 enseignants". Selon notre interlocuteur, "ce débrayage se veut également une journée de sensibilisation pour la société civile pour éviter le démantèlement des lycées d'enseignement technique". M. Bendaikha, qui n'a pas ménagé le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, s'est demandé "pourquoi le ministre assure que les enseignants du technique ne seront pas touchés, alors qu'il annonce en même temps la suppression de 50% des filières dont l'électronique, la fabrication mécanique et l'électrotechnique, et l'extinction insidieuse de la voie technologique dans une polyvalence au rabais". Si le ministère de l'Education nationale persiste à mener à terme cette réforme, explique le porte-parole de la CNLTT, sur 6 000 enseignants des établissements techniques 5 400 se retrouveront sans emplois. Il précisera qu'"on ne peut pas payer quelqu'un qui n'a plus de rôle dans la société, ce n'est pas possible !". Il est à noter que la coordination nationale des lycées techniques et technicums rejette en bloc ces "décisions prises de façon opaque par des comités et des commissions entre deux réunions, sans considération aucune pour les enseignants". Pour sa part le ministère de l'Education nationale a tenu à préciser dans un communiqué de presse que seuls 2,39% parmi les enseignants du secondaire au niveau national, taux extrêmement faible, n'ont pas assumé leurs obligations professionnelles. Ainsi 97,61%, représentant la quasi-majorité des enseignants du secondaire, à l'échelle nationale, ont normalement assuré les cours dans leurs établissements respectifs. Il y a lieu de noter que les 2,39% d'enseignants, enregistrés absents relèvent essentiellement des trois directions de l'Education de la wilaya d'Alger. Le reste des wilayas du pays n'a pas enregistré aucune perturbation. Cependant, le ministère de l'Education nationale regrette de constater qu'une petite minorité "d'enseignants" persiste à s'inscrire à contre courant d'une nouvelle dynamique induite par la réforme en s'accrochant à des schémas éculés et obsolètes qui ne favorisent, malheureusement les élèves ni dans leur cursus universitaire ni dans leur vie professionnelle future. Encore une fois, le ministère de l'Education nationale affirme sa volonté, non seulement de préserver l'enseignement technique et l'ensemble de son corps enseignants mais d'œuvrer, conformément au programme de réforme, à son essor, dans un cadre scientifique et technologique rénové mettant en phase les contenus des programmes avec les exigences du développement scientifique et technique, dans l'intérêt supérieur de l'élève.