Il a toujours été prétendu par les pays riches que la libéralisation des échanges et des services entraînera fatalement une croissance économique avec tout le bien-être qui en découle. S'il est certain que les pays industriels, les pays riches, en tireront des dividendes, encore qu'il ne soit pas certain que cela fera le bonheur de toutes leurs couches sociales, il est occulté le fait que, d'abord, il n'y a pas pour le moment de satisfaction déclarée des pays en développement et des pays pauvres, ni l'expression déclarée d'une satisfaction de leurs populations. Il est évident qu'il y en a bien ceux qui en profiteront aussi bien dans les pays riches que dans les pays en développement, mais c'est la majorité qui en sera marginalisée. S'il y avait bien des raisons qui devaient promouvoir et légitimer le système dit socialiste qui réduisait les inégalités, n'y en a-t-il plus pour tenter au moins de trouver une alternative au système capitaliste que traduit la mondialisation ? La mondialisation est perçue par les populations, mais pas par les Etats qui œuvrent à s'y intégrer, comme un processus de mise à mort des industries et de l'agriculture existantes encore dans les pays en développement. Y aller, ne serait-il pas perçu comme aller, résignés, à l'abattoir ? Une guerre économique, soft, opposant des économies compétitives à des économies lourdement handicapées, provoquera immanquablement des drames pour des populations. Des populations des pays développés eux-mêmes prennent l'exacte mesure des problèmes qu'induit la mondialisation au moment des délocalisations d'entreprises, notamment dans les régions où il n'y a plus d'emplois. Dans les pays dit pudiquement en développement et qui sont à la recherche d'un développement introuvable depuis des décennies, ne pouvant satisfaire ce qui leur est demandé de faire, à savoir acquérir la capacité à entrer en concurrence avec des économies ultra développées, les conséquences en sont déjà appréhendées sous l'angle de l'aggravation des inégalités, de l'extension du chômage, et fatalement des insécurités et de quelque chose qui ressemblera à des insurrections sociales qui dépasseront le niveau de simples émeutes locales. Qui croira qu'avec une mondialisation " qui nous est imposée ", le pouvoir des Etats ne glissera pas vers la sphère internationale ? Les pays industrialisés, qui ont initié la mondialisation et imposé sa généralisation, se concertent pour faire converger leurs politiques et inscrire leurs économies et leurs démarches internationales dans la cohérence, ce que ne peuvent pas faire les pays en développement même s'ils tentent parfois de resserrer les rangs dans le cadre du dialogue ou de la coopération sud-sud. Les pays développés ont les moyens de leurs politiques, mais malheureusement pas les pays dits du Sud.