La bulle des matières premières se dégonfle. Les cours sont en chute libre notamment dans le segment alimentaire. Les cours du café et du sucre ont marqué une baisse cette semaine, à l'image de la déprime des Bourses et des autres matières premières dont le pétrole, passé jeudi sous 50 dollars le baril, seul le cacao tenant bon, soutenu par les craintes sur la production ivoirienne. Les prix du cacao coté à Londres ont nettement avancé cette semaine, à la faveur de craintes persistantes sur la production ivoirienne. "Parmi les alimentaires, le cacao est celui qui s'est montré le plus déterminé, ne clôturant que modestement en dessous de son niveau de la veille", commentaient les analystes de Barclays Capital, ajoutant que "les inquiétudes sur la production et les dégâts causés par le climat en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial, soutenaient les cours".Les mêmes rapportaient qu'un responsable local aurait envisagé cette semaine une récolte d'1 million de tonnes, bien moins que la précédente estimation à 1,36 million. Après avoir repassé la barre des 1400 dollars lundi à Londres, le cacao a franchi vendredi celle des 1500 dollars, touchant un plus haut depuis le 29 septembre à 1510 dollars. Pour ce qui est du café, les cours ont ralenti cette semaine. D'après les chiffres du département américain à l'agriculture, la production 2008-2009 de café vietnamien, premier producteur mondial de robusta, aurait atteint 21,5 millions de sacs, une augmentation de 17% par rapport à la précédente récolte, en raison d'une météo favorable et d'une augmentation des surfaces cultivées, rapportaient les analystes de Public Ledger. Ces chiffres, supérieurs à ceux donnés par les autorités vietnamiennes, mais assez proches de la fourchette dessinée par l'Organisation internationale du café, ont pu entraîner les prix à la baisse. Les prix du sucre ont pour leur part continué à glisser cette semaine, suivant la pente des cours du pétrole tombé sous 50 dollars jeudi. La baisse des prix du pétrole a contribué à peser sur les cours, dans la mesure où des quantités plus importantes de canne à sucre seront dérivées vers la fabrication de sucre, plutôt que d'éthanol, alternative au brut. "En ce moment, le sucre brésilien et l'éthanol sont clairement affectés par le ralentissement économique et la crise du crédit mais ils s'en sortiront" a espéré Alfred Szwarc, un des responsables de l'Union nationale des producteurs de sucre (Unica) lors d'une rencontre cette semaine à Londres, rapportaient les analystes de Public Ledger. "Les prix pourraient être tirés à la hausse par une baisse de production, en 2008-2009, selon les estimations données par le département américain à l'agriculture (à 158,8 millions de tonnes contre 162,1 selon les chiffres de mai dernier)" estimaient toutefois les analystes de Barclays Capital. Concernant les métaux, c'est l'or qui inscrit les meilleurs chiffres. Valeur refuge par excellence par temps de crise le métal jaune attise les convoitises. D'après les chiffres publiés mi-novembre 2008 par le Conseil Mondial de l'Or, on a assisté à une véritable ruée vers l'or au cours du troisième trimestre. Aujourd'hui, les chercheurs d'or sont surtout des acheteurs. Ils ne cherchent pas à faire fortune, mais plutôt à protéger leurs avoirs en les transformant en métal précieux. Les achats déjà impressionnants au deuxième trimestre 2008 se sont amplifiés entre juillet et septembre, au moment où les matières premières se sont affaissées, au moment où se préparait la déflagration financière. La demande des particuliers pour les pièces ou les lingots est spectaculaire. Elle a crû de plus de 500% en Allemagne comme en Suisse. Pour la première fois depuis le début des années 80, la France est redevenue un acheteur net de pièces et de lingots. La demande des investisseurs a également bondi au troisième trimestre 2008. Enfin, les bijoutiers qui représentent en moyenne la moitié de la demande ont profité de la baisse des cours pour se réapprovisionner. C'est particulièrement vrai pour les Indiens et les Chinois. Tous acheteurs confondus, la demande a augmenté de 18% en tonnage, de 50% en valeur. Malgré cet engouement pour l'or, les cours ont reflué, l'once valait, le 20 novembre dernier, 740 dollars à Londres.