Société générale n'est pas au bout de ses peines. Même si elle publie des résultats du 3e trimestre " qui résistent ", la spéculation sur le titre menace pourtant de se poursuivre. Aussi, la banque française devra faire face à une nouvelle plainte, cette fois -ci aux Etats-Unis. Des actionnaires américains de la Société générale ont déposé une plainte collective (class action) à New-York. Ils accusent la banque française de s'être servi de l'affaire Kerviel pour masquer ses pertes liées à la crise des subprimes. Ils estiment que les dirigeants de la Société générale ont par contre profité des informations qu'ils détenaient pour réaliser de substantiels profits. Les actionnaires américains de la banque qui l'ont déposée estiment que l'affaire Kerviel a servi de poudre aux yeux des petits porteurs pour masquer l'inquiétante exposition de la Société générale aux subprimes américaines. Ils accusent la banque d'avoir voulu créer la confusion en révélant en même temps les deux affaires. Par contre, accusent encore les actionnaires, tout le monde n'a pas été aveuglé. Et ils ciblent les trois principaux dirigeants de la banque à l'époque : l'ex-PDG, Daniel Bouton, aujourd'hui "seulement" président et les deux directeurs généraux délégués, Philippe Citerne et Didier Alix.Selon les plaignants, ils auraient profité des informations à leur disposition sur les risques pris par la banque pour tirer de juteux bénéfices de la revente de leurs propres actions Société générale. Et pendant qu'ils vendaient, connaissant eux seuls les risques, ils auraient continué à tenir des discours rassurants, "mensongers" même, accusent les américains. La Société générale qualifie ces accusations "d'allégations ", et prépare sa défense. Le juge américain doit se prononcer sur la tenue ou non d'un procès. La banque compte lui demander de le rejeter. Aussi, le magazine les Afriques a récemment publié un dossier sur SoGe. Il évoque ainsi les ennuis l'ex-DG de la banque Daniel Bouton qui est dans le collimateur du pouvoir politique français et, pour corser le tout, une affaire de blanchiment d'argent sur laquelle enquête le parquet de Paris. Selon les Afriques, les prévisions alarmistes vont bon train au point que les porte-parole de l'établissement dénoncent des " actes de malveillance ". Au fil des séances boursières, la rumeur de marché annonce un jour que la Société Générale a enregistré d'énormes pertes sur les marchés de dérivés actions - un secteur d'où la banque a longtemps tiré d'importants bénéfices - puis assurent le lendemain que cette banque est très exposée au risque de défaut de plusieurs pays d'Europe de l'Est, lesquels pourraient bientôt être incapables de rembourser leur dette. A cela s'ajoute les analyses selon lesquelles la SG serait à la recherche désespérée de fonds propres, ce qui la mettrait face à l'inéluctable obligation de se recapitaliser. Publiée à la mi-octobre, une note en ce sens de Merrill Lynch a eu un impact négatif important sur les investisseurs. Déjà profondément ébranlée par l'affaire Kerviel, du nom de ce courtier dont les opérations risquées lui ont fait perdre près de 5 milliards d'euros, la banque française semble avoir du mal à convaincre de la solidité de ses fondations et même l'annonce attendue d'un résultat en ligne avec les prévisions pour le troisième trimestre - soit près d'un milliard d'euros de résultat net - n'est pas une garantie de retour au calme.