De l'accord de partage du pouvoir au Liban à la multiplication des actes de guérilla en Afghanistan, deuxième volet des temps forts de l'actualité internationale en 2008. "Sur le plan purement militaire, cela s'apparente à une situation d'impasse." Tel est le diagnostic de la mission d'information parlementaire sur l'Afghanistan mise sur pied après la mort de dix soldats français, le 18 août, dans une embuscade tendue par les talibans à l'est de Kaboul. Au-delà des pertes françaises, l'année 2008 a été la plus meurtrière depuis la chute du régime fondamentaliste, en novembre 2001, et l'idée que cette guerre ne peut être gagnée a fait son chemin dans les chancelleries occidentales. L'heure est donc à la négociation, que Kaboul engage discrètement en septembre sous l'égide de l'Arabie saoudite. Comme on ne négocie bien qu'en position de force, le processus devrait être assorti à court terme d'importants renforts militaires, malgré le peu d'empressement manifesté par les partenaires de Washington. L'Otan, dont la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) compte 50.000 hommes, en réclame 12.000 de plus. L'amélioration de la situation sur le front irakien devrait en outre se traduire par un "surge", ou déploiement massif de soldats américains supplémentaires. Aux mots d'ordre "négociation et renfort" devrait s'ajouter celui de coopération, notamment avec le Pakistan, dont les zones tribales acquises aux talibans font plus que jamais figure d'épicentre de la guérilla. "Les succès que nous constatons en Irak sont indéniables", se félicite George Bush en mars, retrouvant les accents triomphalistes qui lui avaient fait annoncer cinq ans plus tôt "la fin des opérations majeures de combat en Irak". Neuf mois plus tard, le constat reste d'actualité. Les hommes en noir de l'imam chiite radical Moktada Sadr se sont tenus à la trêve reconduite en février et les milices sunnites levées par l'US Army sont parvenues à consolider les effets du "surge" américain du printemps 2007. Les attentats, qui tournent parfois au carnage (99 morts le 1er février à Bagdad), restent toutefois quotidiens, mais l'ennemi a changé de camp. C'est désormais vers l'Iran, dont le statut de puissance régionale a été conforté par la guerre, que regarde le contingent américain, dont Bagdad a autorisé la présence jusqu'à la fin 2011, au terme d'une année d'âpres négociations. Barack Obama a promis quant à lui de retirer l'ensemble des forces combattantes avant la fin du premier semestre 2010, un calendrier susceptible d'ajustements en fonction des évaluations des généraux de l'armée américaine. Jusqu'au bout ou presque, Israël et les Etats-Unis ont voulu croire à la réussite du processus d'Annapolis. Renoué en novembre 2007 dans cette ville du Maryland, le dialogue israélo-palestinien, que les deux camps se sont alors engagés à mener à son terme avant la fin de l'année, s'est à nouveau heurté à la poursuite de la colonisation et des violences. La trêve en vigueur depuis le 19 juin dans la bande de Gaza, n'a pas empêché une pluie de roquettes de s'abattre sur le sud de l'Etat juif à chaque incursion israélienne, elle-même justifiée par le droit à la sécurité revendiqué par l'Etat juif. Arrivée à échéance le 19 décembre, elle n'a pas été reconduite. L'instabilité en Israël, où Ehud Olmert, vaincu par les affaires et contraint à la démission, expédie les affaires courantes en attendant les législatives anticipées du 10 février, a été un facteur aggravant, tout comme la campagne présidentielle aux Etats-Unis qui a gelé l'action de Washington. Côté palestinien, le Hamas, seul maître d'une bande de Gaza au bord de la catastrophe humanitaire, continue à contester l'autorité de Mahmoud Abbas, alors que l'Egypte tente en vain de rapprocher leurs positions. "Si cet accord n'est pas conclu avant la fin de l'année, certains diront que le processus d'Annapolis a échoué", déclarait récemment Condoleezza Rice. "En fait, c'est le contraire. Bien que nous ne soyons pas encore à la ligne d'arrivée, je suis pratiquement certaine qu'Israéliens et Palestiniens (...) franchiront cette ligne dans un avenir relativement proche." Barack Obama et Hillary Clinton, sa secrétaire d'Etat, auront fort à faire pour les y aider. Beyrouth-Ouest aux mains d'un Hezbollah triomphant : l'événement ne remonte pas à la guerre civile de 1975-1990, mais au mois de mai, point culminant d'une crise qui a conduit le Liban au bord du gouffre et fera l'effet d'un électrochoc. Le 21 mai, après l'intervention de la Ligue arabe, la majorité sunnite emmenée par Saad Hariri et l'opposition chiite s'entendent à Doha pour mettre fin au conflit politique qui paralyse le pays depuis plus d'un an et demi. Quatre jours plus tard, Michel Souleïmane est enfin élu chef de l'Etat, poste vacant depuis six mois. La normalisation suit son cours en juillet, avec la formation d'un gouvernement d'union et l'ouverture du "dialogue national", qui continue toutefois à buter sur l'épineuse question du désarmement d'un Hezbollah soutenu par Téhéran et Damas.