"Une autre réduction de la production pétrolière des pays membres de l'Opep est prévue dans les jours à venir". C'est du moins ce qu'a affirmé le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, lors de la conférence-débat organisée, hier, au forum d'El Moudjahid. Pour le ministre, cette réduction est inévitable pour stabiliser les prix du baril. "Nous nous enfonçons dans une période de baisse saisonnière de la demande, ce qui fait que celle-ci va baisser de manière constante". Ace propos, et selon les dires du ministre, sur 41 opérateurs sur le marché, plus de 26 ont exprimé leur souhait de baisser la production de 0,5 à 1,5 million de barils par jour. "Les opérateurs du marché pensent qu'il faudrait qu'on baisse la production. Si on ne le fait pas les prix vont chuter et dans ce cas il faut six mois pour stabiliser le marché". En outre, le ministre a laissé entendre qu'il faut anticiper la baisse des prix en procédant à la réduction de l'offre. Toujours dans le même sillage, le marché pétrolier reste tributaire de l'évolution de l'économie mondiale qui déterminera les besoins de consommation en pétrole. A cet effet, le ministre a estimé que l'Opep poursuivra sa politique de stabilisation du marché par la recherche d'un équilibre entre l'offre et la demande. La crise du système financier, puis le ralentissement et la baisse de l'activité économique ont conduit, selon le ministre, à un dramatique repli des prix et une contraction de la demande pétrolière. Le marché pétrolier a subi le double effet d'un retrait massif des financiers, qui a induit l'accélération la chute des prix, et celui du surplus de l'offre. Dans ce contexte, le ministre a souligné la première décision de l'Opep, en septembre 2008, de réduire la production pour équilibrer le marché, qui fut suivie par d'autres, aboutissant à leurs consolidation en une réduction totale de sa production de 4.2 millions b/j. La mise en oeuvre progressive de ces réduction a permis, selon le ministre, de freiner la chute des prix, puis un début de redressement. En outre, Chakib Khelil a estimé que le prix moyen de ce début d'année 2009 est égal à la moyenne des prix enregistrés durant la période 2001-2007. En termes réels, le niveau actuel du prix, est égal à celui observé au début de cette décennie. Les effets néfastes d'une volatilité des prix, notamment quand ils atteignent des seuils comme ceux observés en 2008, devraient renforcer le dialogue entre producteurs et consommateurs pour stabiliser le marché et permettre une visibilité qui favorise l'investissement, afin d'assurer une satisfaction équitable des besoins de l'économie mondiale. Par ailleurs, et s'agissant des recettes de l'Algérie en hydrocarbures, le ministre a affirmé que l'Algérie a enregistré une baisse des recettes lesquelles ont atteint 6,7 milliards de dollars pour les deux premiers mois de l'année en cours. Pour l'année 2009, les recettes s'établiront à 40 milliards de dollars. Concernant, les investissements de Sonatrach pour l'exercice 2009, le ministre a affirmé que 11 milliards de dollars seront investis durant l'année en cours, soit une diminution de 1 milliards de dollars par rapport à 2008. Concernant les prix des produits pétroliers et de l'électricité, le ministre a précisé que pour le court terme ni les prix des produits pétroliers ni ceux de l'électricité ne feront l'objet d'une augmentation. LE BILAN 2008 Chakib Khelil a dressé un bilan exhaustif de l'année 2008. Selon lui, le secteur poursuit ses efforts pour le développement des ressources énergétiques et minières du pays. Dans ce contexte, quatre contrats de recherche ont été signés par Alnaft, dans le cadre de la nouvelle loi sur les hydrocarbures. Le montant global de l'investissement est estimé à près de 270 millions de dollars. En outre, le bilan fait ressortir la réalisation de dix-neuf découvertes de pétrole et de gaz, une production d'hydrocarbures de 173 millions de tonnes équivalant pétrole (TEP), avec un investissement record, de plus de 12 milliards de dollars. Concernant, l'électricité, la production a connu une forte augmentation, passant de 37 TWH en 2007 à 40 TWH en 2008, reflétant un taux de croissance de 8 %. Le ministre a fait ressortir que l'évolution du marché intérieur continue d'être marquée par la forte croissance de la demande d'énergie, sous toutes les formes. Ainsi, la consommation nationale d'énergie est passée de 37 millions de TEP en 2007 à 39 millions de TEP en 2008, soit une hausse de plus de 5 %. Par ailleurs, le ministre a souligné que cela explique la forte croissance de la demande en produits pétrolières qui a été de près de 10 %, comparée à 2007, pour atteindre 10 millions de tonnes à fin 2008. Cette tendance haussière est tirée par la forte augmentation de la consommation de gasoil (+13 % ) qui dépasse de loin le rythme de la croissance économique de l'Algérie de l'ordre de 6 % (hors hydrocarbures), ainsi que celle de l'essence avec un taux de 9 %. S'agissant, de la consommation nationale de gaz naturel, celle-ci a connue une croissance de 4.4 % pour atteindre 25.4 milliards de m3 en 2008. En termes d'échanges extérieurs, le volume global des exportations d'hydrocarbures a atteint 135 millions TEP en 2008 pour une valeur globale de 77.3 milliards de dollars, soit une hausse de 30%. Concernant les revenus de l'Etat, un montant de 4 003 milliards dinars de fiscalité pétrolière a été engrangé, dont 300 milliards de DA a été versé au Trésor public. En matière de développement des activités minières, quatre actions de promotion de la petite et moyenne mine, avec l'octroi de 166 titres minier qui ont généré 3,7 milliards de DA de recettes, versés au Trésor public. La branche a connu une hausse essentiellement tirée par l'évolution de la production de fer (+31 %), de l'or (+174 %) et d'agrégats (+23 %), ayant augmenté son chiffre de 16 %, à 79 milliards DA. PERSISTANCE DU LITIGE SUR LE GAZ : Interrogé sur le différend opposant l'Algérie à l'Espagne concernant les prix du gaz et le projets Medgaz, le ministre a affirmé que l'arbitrage est toujours en cours. Pour ce qui est du litige à propos des prix du gaz vendu à l'Espagne, M. Khelil indiquera que le verdict sera connu prochainement. Hamid Si Salem