La sécurité des approvisionnements énergétiques est, aujourd'hui, une question obsessionnelle pour l'Union européenne. Un mois après avoir adopté des mesures concernant la sécurisation des stocks pétroliers dans l'UE, Bruxelles a adopté, jeudi, un nouveau règlement dans l'objectif d'" accroître la sécurité de l'approvisionnement en gaz dans le cadre du marché intérieur de l'Union européenne ". Ce qu'il y a lieu de retenir est que l'objectif premier de l'UE est de diversifier les sources d'approvisionnements et diviser au plus les fournisseurs. Nul n'ignore que l'UE désire avant tout réduire sa dépendance énergétique envers la Russie. Mais il n'est nullement question de faire place à une autre forme de dépendance à travers un autre fournisseur. Lors de la présentation du règlement à la presse, Andris Piebalgs, membre de la commission chargée de l'énergie, a estimé que "les dispositions existantes pour gérer les urgences en matière d'approvisionnement en gaz sont insuffisantes. En janvier 2009, le différend gazier Russie-Ukraine a confirmé nos craintes". Selon lui, tous les Etats de l'UE "reconnaissent la nécessité de normes communes de sécurité d'approvisionnement en gaz pour l'ensemble de l'Union. "Ce sont ces normes que nous proposons aujourd'hui", a déclaré M. Piebalgs. Interrogé sur l'éventualité que le gaz algérien, qui devrait arriver à l'UE via le gazoduc "TSGP" qui vient du Nigeria, remplacerait le gaz russe, M. Piebalgs a, après avoir écarté cette possibilité, répondu que ce que veut l'Union "c'est que le marché soit à l'abri de toute interruption d'approvisionnement en gaz". "Les approvisionnements qui viennent d'Algérie sont déjà importants", a insisté Piebalgs, rappelant que ce pays fournit 10% des besoins de l'UE en gaz. Au sujet du Qatar, il déclarera que "c'est un pays vers lequel nous regardons", tout en ajoutant que "c'est un potentiel qui pourrait encore se développer". L'UE veut porter ses approvisionnements du Qatar de 7,5 milliards de m3 actuellement à 30 milliards de m3 dans les années à venir. Il est utile de noter, dans ce sens, que les pays de l'UE ont signé lundi un accord avec la Turquie concernant le gazoduc Nabucco, qui prévoit d'acheminer du gaz provenant de la mer Caspienne et de la région des pays du Golfe. Aussi, et pour ce qui concerne le règlement, on relève aisément les penchants de l'UE pour ce qui concerne la promotion du corridor Sud via le Nabucco. Ainsi, le commissaire européen à l'Energie, Andris Pielbags, a désigné la Slovénie ainsi que la Lituanie et d'autres pays baltes comme les plus concernés par les mesures à prendre et le Danemark, l'Allemagne, la Belgique et la Grèce comme les pays les mieux préparés. Le règlement demande aux pays de l'UE d'être fin prêts à faire face aux ruptures d'approvisionnement par des plans d'urgence clairs et efficaces impliquant toutes les parties intéressées et tenant pleinement compte de la dimension européenne de toute perturbation majeure. Les plans reposeront sur des évaluations pertinentes des risques. Le texte imposerait à tous les Etats membres de disposer d'une autorité compétente qui serait chargée de suivre l'évolution de l'approvisionnement en gaz, d'évaluer les risques en la matière, d'établir des plans d'action préventifs et d'élaborer des plans d'urgence. La CE déclarera une "Urgence communautaire" si l'UE perd plus de 10% de ses importations gazières ou en cas de crise nationale dans l'UE, suivant les nouvelles règles proposées par l'exécutif européen. Dans ce cas, les pays de l'UE devront faire preuve de solidarité pour assurer un flux continu au travers de leurs frontières. D'ici la fin septembre 2010, les pays de l'UE auront élaboré des projets de diversification de leurs réseaux et de réponse aux situations d'urgence. Le projet proposé garantirait que tous les consommateurs de l'UE bénéficient d'un niveau élevé de sécurité d'approvisionnement en gaz. Il améliorerait le cadre d'investissement dans de nouvelles interconnexions transfrontalières, filières d'importation, capacités de débit et installations de stockage, également étayé par le plan européen de relance économique. Il confirme également l'interdépendance accrue des approvisionnements au sein d'un marché unique européen du gaz et fournit à l'UE une base solide pour défendre plus efficacement ses intérêts dans ses relations avec les fournisseurs de gaz extérieurs. Samira G.