La loi de finances complémentaire pour 2009 a instauré le crédit documentaire comme unique moyen de paiement des importations. Ainsi, tout importateur pourra se voir exiger d'une banque une somme équivalente à 25% au moins de la valeur déclarée des biens importés, qui restera bloquée de la commande jusqu'à la livraison. Applicable depuis le 4 août 2009, les répercussions de cette mesure relatives aux modalités d'importation de marchandises sur le rythme du trafic du commerce extérieur, se font immédiatement ressentir. Le port de Marseille-Fos, qui réalise une partie importante de son trafic avec l'Algérie, subit de plein fouet l'impact traduit par le blocage de nombreuses marchandises au niveau de ce port. Et pour cause, la majorité des importateurs algériens tardent à se conformer à la nouvelle législation. Jusqu'à présent, ils n'utilisent pas la procédure du crédit documentaire (Credoc), mais plus celle de la remise documentaire (Remdoc), étant donné que celle-ci leur permet des facilités de trésorerie en ne mobilisant leurs liquidités qu'en fin de cycle d'importation. Au port de Marseille-Fos, les effets de cette mesure sont immédiats. Interrogé jeudi dernier par Le Moci, Bernard Vidil, directeur général de la compagnie maritime Marfret, signale qu'il a dû suspendre la semaine dernière le départ d'un navire roulier (ou " Ro-Ro " dédié au transport de véhicules) faute de marchandises. "Demain, (vendredi), ajoute t-il, on va faire partir un navire avec 50 % de marchandises en moins". Marfret propose en temps normal deux départs par semaine de navires rouliers sur le trajet Marseille-Alger et six départs par semaine de navires porte-conteneurs entre l'Europe du Sud et l'Algérie. Selon le Moci, même son de cloche du côté du manutentionnaire Intramar, qui gère le terminal de conteneurs de Mourepiane, situé dans les bassins Est à Marseille, qui génère 35 à 40 % de son trafic avec l'Algérie. Son directeur général, Michel Henry, déclare qu'en début de semaine "pour la première fois un bateau à destination d'Alger est resté à quai pendant cinq jours dans l'attente de marchandises. Aujourd'hui, il y a 50 % de marchandises en moins qui sont envoyées vers l'Algérie et aucun approvisionnement n'a été réalisé au début de cette semaine ", signale-t-il. Pour ces deux opérateurs la situation est critique, non seulement pour les transporteurs, mais aussi pour l'ensemble de l'économie de la ville de Marseille. "Très affectée, l'activité des bassins Est du port de Marseille, tournée en grande partie vers le Maghreb, va être mise en péril", estime Bernard Vidil. De son côté, Michel Henry est "très inquiet pour le commerce marseillais dans son ensemble". Le port de Marseille-Fos ne constitue qu'un simple exemple parmi d'autres. D'autres ports connaissent ou vont connaître les mêmes retombées du changement des modalités d'importation et cette situation pourrait perdurer tant que les importateurs ne s'adaptent pas à la nouvelle loi qui, deux semaines après la publication au Journal officiel de la loi de finances complémentaire pour 2009, dénoncent l'instauration du crédit documentaire comme unique mode de paiement avec l'étranger.