C'est toujours plein quand à Tébessa on organise aussi rarement que possible les journées cinématographiques dans l'unique salle de cette ville de l'extrême est. La salle de la maison de la culture de Tébessa était inondée de monde à l'occasion des deuxièmes journées cinématographiques qui s'étaient déroulées du samedi au mercredi dernier.A l'affiche, pratiquement les films qui ont été montés dans la cadre de " Alger, capitale de la culture arabe " en 2007 et qui ont plus ou moins séduits, au point qu'à les regarder certains parlent d'une nouvelle démarche dans l'univers du 7e art algérien. Il s'agit de huit longs métrages et de trois courts projetés dans le cadre de la Palestine, capitale de la culture arabe. Parmi ces longs métrages, "Arezki l'indigène" de Djamel Bendeddouche, l'incontournable "Mascarades" de Lyes Salem, "Morituri" de Okacha Touita, "Indigènes" de Rachid Bouchareb, "Mimezrane" de Ali Mouzaoui ou encore "Cartouches gauloises" de Mehdi Charef.. Selon le directeur de la culture, cette manifestation a surtout été utile pour "la promotion et la valorisation de l'industrie cinématographique" et "la découverte des nouvelles techniques utilisées aujourd'hui dans le cinéma algérien". Il faut relever que c'est l'une des rares fois que " Arezki l'Indigéne " de Bendeddouche a été projeté non sans plaire. Un film d'ailleurs qui tenait tant à cœur à Djamel Bendeddouche, qu'il l'a réalisé après plus de 20 ans d'un espoir qui a fini par payer ces longues attentes d'une subvention et d'un montage financier pas toujours faciles à dégoter dans un pays où la culture est conçue comme une tribune officielle qui se remplit de mots et d'images lors d'évènement sporadique touchant surtout à la chose politique.Qui est Arezki El Bachir ? Un bandit d'honneur qui a vécu dans la Kabylie à la fin du XIXe siècle. L'avant-première de Arezki l'indigène qui est parti pour le Festival du film amazigh à Sétif, -du 09 au 13 janvier 2008- a été donnée à la salle Cosmos de Riadh El Feth, il y a deux ans. Ce long métrage de 1h30 est une épopée, plutôt un portrait du personnage, Arezki, rebelle et insoumis. Le contexte historique de l'époque était celui de la colonisation. Bendeddouche a donc mis les méchants caïds et les colons français, d'un côté dans leurs demeures opulentes, et le rebelle Arezki et sa bande, de l'autre. Le film tourné à Yakouren en Kabylie, à Alger et à Sidi- Bel-Abbès est une belle fresque sauf que sa ligne de conduite répond à des clichés à outrance, comme celle des caïds en burnous rouge montant à cheval et s'entretenant à leur aise avec l'administration coloniale. Le film est "l'histoire d'une révolte indigène", c'est, selon son auteur qui réécrit cinq fois le scénario, une saga autour du célébrissime "bandit d'honneur", Arezki que l'histoire a laissé pour la postérité. Arezki, cet homme qui ne courbe pas l'échine est différemment regardé par les gens de son village. Pour les uns, c'est un authentique insurgé et pour les autres, un bandit qui, à la fin du XIXe siècle, mène avec d'autres rebelles, des actions contre les caïds, chefs de village et autres agents de l'administration coloniale. Nous ne pouvons dire que le film est d'expression amazighe, puisque la majorité du scénario est en langue française. Il est donc, à ce titre, travaillé sur deux langues en plus du sous-titrage en arabe, comme l'exige la manifestation "Alger, capitale de la culture arabe ". Les costumes des personnages sont bizarrement les mêmes que ceux de la poignée de films amazighs signés, jusque-là, à l'image de Machaho de Belkacem Hadjadj, La montagne de Baya de feu Azzeddine Meddour. Le réalisateur a fait appel, dans cette œuvre qu'il signe après tant d'années d'une traversée du désert, aux comédiens aussi bien algériens que français dont Salim Aït Ali, (Arezki), Medjber Sonia et d'autres acteurs français comme Céline Mauge, la journaliste. "Je suis content que le film soit sorti, mais pas très convaincu puisque je pense que si j'avais plus de moyens j'aurais mieux fait" a soutenu Djamel Bendeddouche à la fin de la projection. Pour les besoins du tournage, le réalisateur s'est longtemps documenté sur la base de documents d'archives, de journaux de l'époque ainsi que des photographies et autres écrits. Cette histoire est le récit d'une insurrection menée par Arezki El Bachir, fils de révolutionnaire entre 1874 et 1894. L'homme révolté volait de l'argent aux riches et aux caïds pour le donner aux misérables de son village. Il fut capturé puis exécuté à Azazga en 1895. Rebouh H.