Les P-DG de GDF Suez et de Gazprom ont signé, lundi, 1er mars, en présence de Nicolas Sarkozy et de Dmitri Medvedev, un accord renforçant des liens qui remontent à 1975, année où l'URSS a commencé à livrer du gaz à la France. Le texte prévoit que GDF Suez deviendra actionnaire (à hauteur de 9 %) du gazoduc Nord Stream, dont la construction doit débuter en avril. Long de 1 200 kilomètres, il acheminera du gaz de Sibérie jusqu'en Allemagne en passant sous la mer Baltique et en évitant la Biélorussie, la Pologne et les Etats baltes, des pays qui entretiennent des relations difficiles avec Moscou. En contrepartie, le groupe français a obtenu des volumes additionnels de gaz, via le Nord Stream, qui atteindront 1,5 milliard de mètres cubes par an à partir de 2015. C'est en décembre 2008 que le patron de Gazprom, Alexeï Miller, avait proposé à son homologue de GDF Suez, Gérard Mestrallet, de s'associer à Nord Stream. Gazprom conservera la majorité du capital (51 %) et le néerlandais Gasunie 9 %. Les allemands E.ON Ruhrgas et Wintershall réduiront chacun leur part à 15,5 % (au lieu de 20 %) pour faire de la place aux Français. Dans un communiqué commun, les patrons de GDF Suez et de Gazprom soulignent que l'accord renforcera "la sécurité d'approvisionnement de l'Europe" - discours tenu depuis des années par le premier ministre russe. Vladimir Poutine négocie directement avec ses grands clients (Allemagne, Italie, France...) en jouant de la faiblesse de l'Union européenne sur le front énergétique. Notons également que Gazprom va facturer une partie de ses contrats européens en se basant sur les prix spot du gaz et non plus sur le pétrole. Un virage historique pour le secteur. L'entrée de GDF Suez dans le gazoduc Nord Stream et la signature d'un protocole d'accord pour la fourniture d'un volume de gaz supplémentaire de 1,5 milliard de mètres cubes par an interviennent à un moment clef pour Gazprom. Après des mois de négociations, le géant russe a en effet accepté de modifier la formule de prix qui régit ses contrats européens de long terme avec l'allemand E.ON Ruhrgas, le français GDF Suez, l'italien ENI et le turc Botas, en tenant compte désormais des prix spot. C'est-à-dire des prix fixés sur les Bourses du gaz. " De 10 % à 15 % de nos ventes seront liées aux prix spot jusqu'en 2012 ", a affirmé vendredi son directeur général, Alexandre Medvedev, dans un entretien au " Financial Times ". " Le marché spot joue un certain rôle et nous avons fait en sorte de tenir compte de ce rôle dans nos contrats sans en changer les principes de base ", a rajouté Gazprom.