A la veille du premier mai, encore considéré comme "fête des travailleurs", et aux lendemains qui en suivent, il y a ce rappel à l'ordre par la conjonction entre l'impossibilité qu'existe un retour vers l'Etat providence et l'absence d'investisseurs en mesure de créer les conditions d'une compensation, d'où l'inquiétude pour le manque d'éléments pouvant permettre de donner une lecture optimiste de l'avenir. Des augmentations de salaires dans le secteur économique viennent d'être annoncées. Sont-elles décidées (ou accordées) pour préserver le pouvoir d'achat, pour augmenter celui-ci, ou pour partiellement compenser la perte due à sa chute ? Sont-elles accordées au titre du "social" ou comme étant le produit d'une croissance économique ? Les premières réformes économiques avaient signé l'acte de décès du modèle économique et social des premières décennies et tracé alors, au moins dans les discours, les traits de celui qui allait lui succéder. Le premier était périmé et le second était reçu dans la confusion, la crainte suscitée par le saut dans l'inconnu. Comment à l'époque brûler un modèle qui faisait la fierté de tous les gouvernants qui se succédaient et appliquer justement celui qui était honni dans leurs discours ? A ce jour, il subsiste encore de ces confusions, de ces incompréhensions populaires, qui avaient fait suite au passage des "acquis" par la trappe avec l'ouverture sur les incertitudes et les inquiétudes. On quittait un monde qui promettait la pérennité du social et la guerre contre "le capitalisme" avec une Constitution qui revenait sur la disposition qui déclarait non révisable l'engagement dans la "révolution socialiste". On se rappelle du slogan FLN qui disait "la li radjihioun" (non aux révisionistes). Pendant longtemps, le social a été l'axe autour duquel étaient articulés tous les discours officiels et étaient expliquées et justifiées toutes les politiques d'action. En l'absence d'une légitimité populaire durant l'ère du système de parti unique, le social légitimait la classe politique au pouvoir. Cette ère a changé maintenant, les entreprises n'ont plus pour mission de faire du social dans un contexte qui recommande l'abaissement des charges pour des raisons liées à la compétitivité induite comme exigence dans la mondialisation. Mais, comme il est maintenant reconnu qu'il est une certitude que les conditions ne sont pas réunies pour que notre économie devienne réellement compétitive et même qu'il va falloir beaucoup de temps encore, comment évoluera le social en Algérie ou plutôt la lutte contre la régression sociale ? Pourrait-on avancer l'idée selon laquelle quelques unes des implications de la crise financière internationale sur l'Algérie, à savoir la chute du prix du baril de pétrole et le ralentissement pour ne pas dire l'arrêt des flux des IDE, vont inévitablement accélérer la détérioration des équilibres sociaux et qu'il en découlera un accroissement des inégalités internes, une augmentation du chômage et de la pauvreté qui sont autant de raisons pour conjurer une augmentation de la criminalité ? Selon des observateurs, le social ne peut se trouver qu'encore plus mal, du fait que les réformes sont engagées, que les suppressions de postes ou compressions des personnels ont eu lieu sans que ne se créent les instruments qui devraient en amortir la chute. La crise sociale, alors qu'est éprouvée la difficulté à faire face à l'augmentation effrénée de la demande, comportera le risque de s'inscrire dans la perspective de son aggravation, d'autant que n'apparaissent pas des éléments pouvant valider la thèse d'une relance de l'économie, compte tenu que la dépense publique qui finançait la croissance dépend d'une variable aux évolutions aléatoires.