Il y a une conjonction entre l'impossibilité d'un retour vers l'Etat providence et l'absence d'investisseurs en mesure de créer les conditions d'une compensation, d'où l'inquiétude du manque d'éléments pouvant permettre de donner une lecture optimiste de l'avenir. Le modèle économique et social des premières décennies est déclaré périmé, alors que c'est la confusion pour le modèle qui lui succéda. C'est une confusion car il est apparu à chaque fois que malgré les assainissements financiers des entreprises, celles-ci n'ont pas pu aller vers les niveaux de performance attendus. Elles sont mêmes en proie aux incertitudes. Pour combien de temps encore ? Le social est pratiquement le seul critère qui permet aux populations d'évaluer les performances du gouvernement et il est important d'en tenir compte. On sait qu'il faudrait conjurer les redoutables implications de la crise financière internationale sur l'Algérie, à savoir la chute du prix du baril de pétrole et le ralentissement, pour ne pas dire l'arrêt, des flux des IDE, qui vont inévitablement accélérer la détérioration des équilibres sociaux. Il en découlera un accroissement des inégalités internes, une augmentation du chômage et de la pauvreté. Mais, si l'entreprise n'a plus pour mission de faire du social et de recruter, à quoi serviraient-elles, dans l'esprit des populations traditionnellement engagées dans la "préservation des acquis " ? Pendant longtemps, le social a été l'axe autour duquel étaient articulés tous les discours officiels et étaient expliquées et justifiées toutes les politiques d'action. En l'absence d'une légitimité populaire durant l'ère du système de parti unique, le social légitimait la classe politique au pouvoir. Cette ère a changé maintenant, les entreprises n'ont plus pour mission de faire du social dans un contexte qui recommande l'abaissement des charges pour des raisons liées à la compétitivité induite comme exigence dans la mondialisation. Mais, comment en convaincre les populations ? Le social ne peut se trouver qu'encore plus mal, du fait que les réformes sont engagées, que les suppressions de postes d'emploi ou compressions de personnels ont eu lieu sans que ne se créent les instruments qui devraient en amortir la chute. N.B