Fruit prisé par les Algériens et étant resté hors de la portée des ménages pendant longtemps , la fraise a retrouvé ses marques. D'ailleurs la production locale couvre largement les besoins nationaux à telle enseigne que la fraise est cédée à 120 ou 130 DA le kilo. Une production de près de 23.000 quintaux de fraises est attendue cette année dans la wilaya de Skikda, contre une récolte légèrement supérieure (24.000 quintaux) en 2009, a indiqué mercredi un cadre de la direction des services agricoles (DSA). Cependant, selon Aziz Dridah, ingénieur agronome à la DSA, une "nette tendance à l'accroissement de la production de ce fruit est observée ces dernières années, puisque moins de 15.000 quintaux avaient été récoltés en 1999 sur une superficie équivalente". Selon la même source, si la production de cette année est "légèrement inférieure" à celle de la saison dernière, c'est "uniquement à cause des intempéries qui ont contrarié les prévisions". M. Dridah a toutefois expliqué, à propos de ces intempéries, que les précipitations enregistrées seront "bénéfiques pour les récoltes tardives des mois de juin et de juillet ainsi que pour le développement de jeunes pousses (stolons)". La wilaya de Skikda compte plusieurs variétés de ce fruit très apprécié dont la "Rusicade", une espèce locale introduite en 1920 par des colons italiens, particulièrement répandue sur les montagnes de Stora et de la Grande-plage, ainsi que dans la commune de Ain Zouit. C'est la variété "la plus abondante et la plus demandée actuellement", a souligné cet ingénieur agronome, ajoutant que la "Rusicade" a connu, tout au long du siècle dernier, une évolution "remarquable" quant à ses caractéristiques génétiques puisque la nature du sol, le climat ainsi que sa conduite dans un milieu naturel, lui ont donné une saveur particulière. La "Rusicade", largement en tête au hit-parade de la fraise skikdie, est exigée par 80 % des consommateurs, mais présente, toutefois, un "inconvénient de taille" : elle ne peut être conservée, tout en gardant la plénitude de ses propriétés gustatives, que durant deux jours, a ajouté ce responsable. La culture de la fraise dans la wilaya de Skikda avait commencé à connaître un véritable épanouissement lorsque furent importées, à partir de 1970, les variétés "Tioga" et "Douglas". Cela a permis, selon M. Dridah, l'élargissement de la production de ce fruit vers d'autres communes comme Tamalous et Bouchetata, "bien avant que la Candanga, une variété produite sous serre, ne soit introduite en 2006 par la DSA". La même source a fait savoir que la culture de la fraise va être étendue, dans les années prochaines, vers les monts de Collo (ouest de Skikda), une région connue pour ses terreaux fertiles et un microclimat adéquat qui s'étend jusqu'aux limites administratives de la wilaya de Jijel. La saison de la culture de la fraise qui constitue bon an, mal an, une source de revenus non négligeable pour les familles d'agriculteurs, estimées à 411 dans la wilaya de Skikda, est toujours accueillie avec ferveur dans cette région côtière, dès lors qu'elle donne lieu à la création de nombreux emplois saisonniers durant les trois mois de la récolte. Chaque année, la commune de Skikda fête la fraise, en organisant un immense carnaval qui sillonne l'avenue principale de la ville, des concours de "Miss Fraise" et de la meilleure tarte agrémentée de ce savoureux fruit, ainsi que des tournois sportifs et autres activités. Notons que des expéditions-test de fraises produites dans la région de Jijel auront lieu "prochainement" en direction du marché français. Contrairement à la fraise produite dans la wilaya limitrophe de Skikda, celle de Jijel est cultivée sous serre entre janvier (début de production) et juillet avec des rendements atteignant les 300 quintaux à l'hectare. La région de Sidi Abdelaziz (Est de Jijel), avec ses milliers de serres, est particulièrement réputée pour la culture de ce fruit charnu qui garnit abondamment les tables des foyers en cette période de l'année.