La crise de la dette en zone euro a pesé sur le crédit au deuxième trimestre, selon des chiffres publiés hier par la Banque centrale européenne qui montrent un net durcissement des conditions d'octroi de prêts. Davantage de banques ont rendu l'accès au crédit plus restrictif pour les entreprises: le taux net - différence entre les banques qui ont durci et celles qui ont assoupli leurs critères - s'élève à 11% au deuxième trimestre, contre 3% au précédent. Les conditions pour les ménages contractant un crédit immobilier sont restées tout aussi tendues. Il y a trois mois pourtant, les instituts financiers s'estimaient en mesure de se montrer plus souples. Mais la crise de la dette, initiée par la débâcle des finances publiques en Grèce, est passée par là. Les banques se sont globalement plaintes d'une détérioration de leur accès à des refinancements sur tous les segments de marchés, qui s'est répercutée inévitablement sur leurs conditions de prêts, explique la BCE dans son sondage trimestriel auprès d'un échantillon représentatif de 120 banques. C'est "certainement une mauvaise nouvelle pour l'économie européenne", réagit Gilles Moec, économiste à la Deutsche Bank. Mais il ne faut pas "surestimer" le phénomène, car le resserrement des conditions est le résultat de turbulences sur les marchés qui se sont entre-temps apaisées, souligne-t-il. Pour le troisième trimestre, les banques s'attendent d'ailleurs à une légère détente, selon la BCE. Notons que les Bourses européennes ont plébiscité les valeurs bancaires, mardi offrant au secteur un rebond inédit depuis l'annonce du plan de sauvetage européen de 750 milliards d'euros, en pleine crise des dettes publiques. Après une longue période de chaos, les investisseurs s'estiment rassurés par les résultats des tests de résistance des 91 grandes banques, les fameux "stress test", publiés vendredi. Ils apprécient aussi la décision, dévoilée mardi, du Comité de Bâle - un comité de banquiers centraux et de régulateurs de tous les continents -, d'assouplir certains aspects de son projet de réforme de la réglementation bancaire (Bâle III), applicable à compter de 2012. En particulier, la nature des fonds propres qui composent le ratio Core Tier-one des banques (un ratio considéré comme pur par les régulateurs) sera moins restrictive que prévu. Les établissements pourront y intégrer, en sus du vrai capital (actions ordinaires et bénéfices mis en réserve), une partie des fonds propres issus des participations dans des filiales. Cette disposition d'allure technique constitue un réel soulagement pour les groupes mutualistes. Car dans la première mouture du projet, ces groupes se retrouvaient privés d'une partie de leurs capitaux propres du fait de leurs multiples participations croisées entre maisons mères et filiales régionales. Le manque à gagner pour le secteur mutualiste européen se comptait en dizaines de milliards d'euros ! D'autres décisions ont été prises, qui allègent la pression sur le secteur bancaire, comme le report de l'entrée en vigueur de nouveaux ratios. C'est le cas du ratio de liquidités, qui mesure la résistance des banques en cas de retraits d'argent massifs. Il ne sera pas mis en oeuvre avant 2018.