Touchés par la sécheresse depuis trois ans, les fermiers syriens connaissent aujourd'hui une épidémie de rouille jaune du blé qui a provoqué des pertes importantes de récoltes et le dessèchement des graines. " Les fermes ont connu des pertes de récoltes variables ; les moyens de subsistance de certains fermiers ont été gravement compromis ", a dit Wafa El Khoury, agent agricole de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et coordonnateur du Programme mondial de la rouille du blé. Cette maladie, nouvelle forme plus virulente que celle connue depuis une décennie, touche davantage les blés tendres que les blés durs. Selon Wafa El Khoury, "les moyens de subsistance de certains fermiers sont gravement compromis." La production de blé syrien pourrait ainsi chuter à 3,3 millions de tonnes pour la récolte 2010/2011 selon un rapport publié par le département américain de l'agriculture soit une baisse de 18% par rapport à la précédente saison. Le document précise que " dans les champs de blé les plus touchés, les pertes peuvent atteindre de 35 à 50 pour cent des récoltes et, dans les cas les plus graves, une perte quasi-totale des récoltes est possible. ". n juin, le département américain de l'Agriculture a indiqué qu'un rapport du gouvernement syrien prévoyait que la production de blé pourrait tomber à 3,3 millions de tonnes en 2010-2011, soit une réduction de 18 pour cent par rapport à l'année précédente et de 35 pour cent par rapport au niveau record. Selon les chiffres communiqués par le gouvernement, la production totale de blé a atteint 3,2 millions de tonnes en 2009-2010 - une quantité suffisante pour constituer la réserve stratégique de céréales annuelle, mais moins importante que les quatre ou cinq tonnes prévues. En Syrie, la demande annuelle de blé est de 3,6 millions de tonnes en moyenne, mais le gouvernement indique que la récolte actuelle pourrait être suffisante. En Syrie, l'épidémie de rouille jaune a davantage affecté le blé tendre que le blé dur. Les infections les plus graves se sont concentrées à Al-Hassakeh, une province située au nord-est de la Syrie et qui partage une frontière avec la province irakienne de Ninawa. " En général, l'application de fongicides ne constitue pas une solution économique pour les petits exploitants, et lorsqu'elle a été effectuée, elle ne s'est pas révélée très efficace, car la maladie avait atteint un stade avancé ", a indiqué M. El Khoury. Au cours de la décennie précédente, la rouille jaune ne représentait pas une menace grave pour les fermiers syriens. Cette année, à la faveur d'un hiver plus doux et de l'apparition d'un type d'agents pathogènes plus virulent, l'épidémie est réapparue. " La nouvelle espèce peut surmonter le gène de la résistance à la rouille jaune commune Yr27 qui est présent dans les méga-cultivars de blé, comme la variété Cham 8 utilisée dans 70 pour cent des zones à blé de la Syrie ", a dit Kumarse Nazari, un pathologiste des plantes du Centre international de recherches agricoles dans les régions sèches (ICARDA) d'Alep. Cette année, le Maroc, l'Iran, l'Irak, le Liban, l'Ouzbékistan, l'Azerbaïdjan et le Tadjikistan ont également été touchés par de graves épidémies de rouille jaune. Toutefois, selon l'ICARDA, les effets ont été plus sévères en Syrie, la rouille étant passée inaperçue en raison de la sécheresse. La Syrie n'a pas pu procéder à la pulvérisation de produits chimiques suffisamment tôt pour véritablement minimiser les pertes de récoltes. " Nous ne nous attendions pas à ce que l'épidémie prenne une telle ampleur, si bien que la prévention chimique n'a pas véritablement été mise en place en Syrie ", a dit M. Nazari. En dépit des pertes de récoltes, les autorités syriennes et la FAO ont minimisé le risque immédiat pour la sécurité alimentaire. Toutefois, les sécheresses d'une sévérité sans précédent et les feux qui ont touché le Canada et la Russie, ainsi que les inondations qui ont frappé l'Asie du Sud ont fait monter le prix du blé de plus de 50 pour cent depuis juin, tandis que le prix de l'orge a plus que doublé, selon des rapports. L'embargo sur les exportations de céréales, imposé par la Russie le 17 août, devrait entraîner une forte augmentation du prix d'autres céréales et d'aliments de base, comme le pain et la farine. Afin de se préparer pour l'année prochaine, le gouvernement syrien, la FAO et l'ICARDA vont mettre en place un dispositif national de prévention, et notamment un atelier qui se tiendra à l'automne. " La Syrie et les pays voisins doivent remplacer les cultivars sensibles par de nouveaux cultivars résistants aussi vite que possible ", a dit M. El Khoury. " Pour cela, il faut multiplier les semences de manière rapide, les distribuer aux fermiers qui cultivent du blé dans le pays et leur faire accepter ces semences ". Selon l'ICARDA, la propagation de la souche Ug99 de la rouille constitue une menace plus importante encore. Ce champignon virulent s'est propagé de l'Ouganda, où il a été identifié pour la première fois en 1999, vers le Kenya, l'Éthiopie, le Yémen, le Soudan et l'Iran, et les spores disséminés par le vent devraient se propager encore plus loin. Selon le gouvernement syrien, la production totale de blé a atteint les 3,2 millions de tonnes en 2009/2010 contre 4 à 5 tonnes prévues. La demande annuelle interieure de blé dans ce pays est évaluée à 3,6 millions de tonnes. Mais, Damas indique cependant que la récolte annuelle pourrait être suffisante. Afin de se préparer pour l'année prochaine, le gouvernement syrien, la FAO et l'ICARDA (centre international de recherche agricole dans les zones arides) et vont mettre en place un dispositif national de prévention, notamment un atelier qui se tiendra à l'automne 2010. L'IRIN précise qu'en 2010, la rouille jaune a également frappé le Maroc, l'Iran, l'Irak, le Liban, l'Ouzbékistan, l'Azerbaïdjan et le Tadjikistan. La prolifération de cette maladie, la sècheresse mais aussi les incendies au Canada et en Russie comme les inondations en Asie du Sud, pèseront sur le prix du blé qui progresse depuis juin 2010..