Les prix du pétrole ont poursuivi leur hausse, hier, soutenus par un fort repli du dollar face à la plupart des grandes devises et par des températures toujours très basses dans l'hémisphère Nord. Vers 15h15, le contrat de février sur le brut léger coté au Nymex avançait de 55 cents à 91,55 dollars le baril, tandis que le contrat sur le Brent progressait de 35 cents à 94,20 dollars le baril. Il évoluait ainsi à portée de son plus haut niveau de lundi, 91,88 dollars, un sommet depuis octobre 2008. "Le pétrole est pris dans un mouvement général de hausse des matières premières", a observé Phil Flynn, de PFG Best. "L'histoire du jour, c'est l'affaiblissement du dollar, qui tire le marché (pétrolier) vers le haut", a-t-il ajouté. Ce mouvement rend les matières premières, libellées en monnaie américaine, plus attractives pour les acheteurs munis d'autres devises. Il pousse aussi les investisseurs à se tourner vers des actifs comme le pétrole pour se protéger d'une perte de valeur de leur capital. Le billet vert a atteint un point bas record face au franc suisse, et a également perdu du terrain face à l'euro et au yen, après la baisse des taux des emprunts du Trésor américain et l'annonce d'un rebond de la production industrielle au Japon. Dans les échanges européens, les prix du pétrole restaient élevés à Londres, soutenus par des prévisions d'une baisse continue des stocks américains au moment où le grand froid souffle en Amérique du Nord et en Europe, des régions de forte consommation d'énergie. Comme la veille, la place londonienne était fermée à l'instar de tous les marchés financiers du pays à cause du long week-end de la fête de Noël. Seuls les échanges électroniques donnaient des indications sur les cours. "Le marché est calme, car il n'y a pas beaucoup d'opérateurs", a fait observer Micaella Feldstein, analyste chez Natixis. Selon elle, "les conditions climatiques qui restent assez difficiles aux Etats-Unis, en France, et en Europe en général, dopent les cours" de l'or noir. "On a un hiver rigoureux qui a tendance à soutenir le (prix du) pétrole", résume-t-elle. L'Est du Canada a été touché à son tour lundi par la violente tempête de neige qui a frappé la côte est américaine, avec des vents allant jusqu'à 150 km/h qui ont désorganisé le trafic aérien et provoqué des pannes de courant. La tempête, qui a semé le chaos dimanche et lundi sur la majeure partie du nord-est des Etats-Unis, faisait rage en soirée sur le Nouveau-Brunswick et l'est du Québec, où une vingtaine de centimètres de neige étaient tombés. Des cumuls de 50 cm étaient possibles par endroits jusqu'à mardi matin. Cette mauvaise météo laisse présager une forte diminution des stocks de brut cette semaine aux Etats-Unis, avancent les analystes. Les basses températures devraient en effet pousser les raffineurs à transformer plus de brut en fioul de chauffage, ce qui pourrait se traduire par une baisse des stocks. Ces réserves ont déjà chuté d'environ 15 millions de barils sur la première moitié du mois de décembre, en raison d'une demande ferme et des ajustements d'inventaires qu'effectuent les raffineurs en fin d'année. Les chiffres portant sur la semaine dernière doivent être publiés jeudi. "S'il s'avère que les stocks baissent, cela présage une hausse des prix du baril", met en garde Micaella Feldstein. Les prix du pétrole ont renoué ces derniers jours avec des niveaux plus atteints depuis plus de deux ans, sous l'effet de perspectives plus optimistes sur l'état de la croissance américaine, première économie mondiale.