Le président ivoirien sortant demande avec insistance le départ de l'organisation des Nations unies. Le Premier ministre du Kenya Raila Odinga va se joindre à la délégation de chefs d'Etats d'Afrique de l'Ouest qui doit revenir lundi en Côte d'Ivoire pour tenter de dénouer la crise et convaincre le président sortant Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir. L'Union africaine (UA) a annoncé hier dans un communiqué que M. Odinga allait se rendre au Nigeria pour s'entretenir avec le président Goodluck Jonathan, à la tête de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Ils rencontreront lundi Laurent Gbagbo avec les présidents du Bénin Thomas Boni Yayi et de la République du Cap Vert Pedro Verona Rodrigues Pires. Les Nations unies comme l'Union africaine et la CEDEAO ont reconnu le responsable de l'opposition ivoirienne Alassane Ouattara vainqueur du second tour de la présidentielle du 28 novembre dernier, confirmant les résultats publiés par la commission électorale indépendante ivoirienne (CEI). Mais le Conseil constitutionnel ivoirien a lui proclamé la réélection de Laurent Gbagbo, après avoir invalidé plus d'un demi-million de suffrages dans des fiefs de son opposant. Depuis plus d'un mois, Laurent Gbagbo refuse donc de quitter le pouvoir, malgré les pressions croissantes de la communauté internationale. Le président sortant ivoirien Laurent Gbagbo a accusé samedi l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) d'avoir "tiré sur des civils", et a de nouveau exigé son départ du pays. "Effectivement, l'Onuci a tiré sur nos concitoyens, deux de nos concitoyens que vous avez vus à la télévision, qui sont aujourd'hui à l'hôpital militaire d'Abidjan", a déclaré Laurent Gbagbo à la télévision publique RTI. Il faisait référence à un incident qui a impliqué mercredi à Abidjan des casques bleus à une foule hostile à Abobo (nord). L'Onuci avait alors formellement démenti avoir tiré sur la foule. "Ce n'est pas le rôle des forces de l'ONU de tirer sur les citoyens, ce n'est même pas leur rôle de faire la guerre. Leur rôle est de rassurer, or, depuis un moment, elles ne rassurent plus", a affirmé Laurent Gbagbo. "Aujourd'hui, quand l'Onuci tire sur des civils, ce n'est pas normal et c'est pourquoi je demande leur départ", a-t-il dit. "Je demande vraiment le départ de l'Onuci et le départ de la Licorne qui les accompagne", a-t-il insisté. L'Onuci, composée de 9.000 hommes, est appuyée par 900 soldats français de l'opération Licorne. "J'ai lancé l'appel pour qu'on les laisse tranquilles, nous avons demandé leur départ par la voie diplomatique, nous allons obtenir leur départ définitif par la voie diplomatique, mais il faut qu'ils partent" parce que, "sinon, les dérapages de ce genre vont aller en grandissant, et nous ne pouvons pas l'accepter", a-t-il dit. Le 18 décembre, Laurent Gbagbo avait déjà exigé "le départ immédiat" de l'Onuci et de Licorne, accusées d'avoir pris parti pour le camp de son adversaire Alassane Ouattara et de le soutenir militairement. Depuis cette demande, plusieurs incidents se sont produits entre les patrouilles de l'Onuci et des civils à Abidjan. Mercredi, l'Onuci a affirmé qu'elle avait subi des tirs dans le quartier d'Abobo et qu'elle avait répliqué par des "tirs de sommation". La veille, un casque bleu avait été blessé à la machette et un véhicule incendié lors de l'attaque d'un convoi par une foule dans le quartier de Yopougon (ouest). La RTI, contrôlée par le régime de Laurent Gbagbo, a affirmé qu'à Abobo, la patrouille avait tiré sur la foule et blessé des civils. Elle avait montré des images de gens blessés, présentés comme les victimes de l'Onuci. L'ONU avait dénoncé des "appels à la haine" de la RTI contre sa mission, exprimant "son indignation" devant ses "manoeuvres destinées à inciter une partie de la population à la haine pour l'empêcher de se concentrer sur son travail au service du peuple ivoirien". Elle avait rappelé "qu'elle n'est en guerre contre personne", appelant "toutes les parties au calme, à la sagesse et à la sérénité pour une sortie de crise définitive".