La réhabilitation et la restauration des vieux hammam, notamment ceux de Constantine font partie actuellement d'un vaste programme entrepris et financé par la Commission européenne qui réunit six cas d'études pluridisciplinaires dans certaines grandes villes des pays riverains de la Méditerranée orientale et australe célèbres par ce patrimoine séculaire, a indiqué dimanche Samira Debache Benzagouta, directrice du laboratoire "Villes et patrimoine" de l'université Mentouri. Que ce soit à Constantine, Vienne (Autriche), Ankara (Turquie), Damas (Syrie), Ghaza (Palestine), Le Caire (Egypte), Fez (Maroc) ou encore à Liverpool (Angleterre), les préoccupations des experts se rejoignent et convergent toutes vers un "but commun et impérieux" qui est celui de réhabiliter ces lieux à la fois de plaisance, d'hygiène, de rencontres, de repos et de bien-être spirituel et moral. C'est de là qu'émane, selon la même universitaire, la décision de l'Union européenne d'élaborer et de financer ce projet baptisé tout simplement "H.A.M.M.A.M" dont chaque lettre n'est, en fait, que l'initiale anglaise d'un concept relatif à cette opération de sauvegarde de ce "patrimoine universel menacé par l'usure du temps et la main dévastatrice et la négligence de l'homme". Le projet "Hammam's Aspect and Multidisciplinary Methods of Analysis for the Mediterranean region", dont l'équivalent en français signifie "Les aspects et les méthodes d'analyses pluridisciplinaires sur les hammams de la rive sud de la Méditerranée", fait partie d'un programme s'échelonnant sur une période de 36 mois que le laboratoire "Villes et patrimoine" de l'université Mentouri de Constantine entreprend avec la Commission européenne. Dans cette perspective, une soixantaine d'architectes, hydrauliciens, sociologues, économistes et des restaurateurs, dont 42 experts étrangers représentant les Etats-Unis d'Amérique, l'Angleterre, la France, l'Autriche, la Turquie, l'Italie, le Maroc, l'Egypte, la Syrie et la Palestine, se trouvent depuis samedi à Constantine pour y recueillir les informations de base nécessaires à l'élaboration d'un programme de recherche "à même d'apporter un plus pour la connaissance et le savoir-faire en matière de conservation et de restauration des hammams", a précisé Mme Debache. Ce séjour qui durera jusqu'au 13 mai prochain, est caractérisé notamment par des réunions de travail et des visites sur les sites où sont implantés les hammams pour y recueillir les données de la bouche même des propriétaires, des clients et des commerçants jouxtant ces lieux de cure et de relaxation. L'objectif final étant, selon la même responsable, "la conservation dans la durée des hammams turcs et la définition de la meilleure manière de leur redonner leur place d'antan et leur importance dans la société". Compte tenu du nombre important de hammams toujours en fonction dans la ville du Vieux Rocher, les chercheurs se sont limités à l'étude de quatre d'entre eux, les plus connus : hammam Souk El Ghezzal, celui de Bougheffa, hammam Bellebdjaoui et enfin hammam Degoudj. Le but étant la recherche des renseignements concernant l'historique de ce patrimoine et son recensement afin d'en dégager la spécificité et l'évolution architecturale de ses structures et d'en établir une typologie de base qui permettra de les restaurer et de les réhabiliter. A signaler que les experts internationaux qui travaillent sur ce programme ont entamé leurs travaux par la tenue de leur premier meeting au Caire en février 2006, puis à Ankara en juillet de la même année, ensuite à Fez en novembre et enfin à Damas en février 2007. Une rencontre similaire succèdera, en novembre prochain, à celle de Constantine, deux autres auront lieu en Autriche et en Angleterre, pour ensuite clôturer cette série de Workshops en Syrie en 2008, a-t-on encore précisé auprès du comité d'organisation de cette importante manifestation scientifique. Il est à retenir, pour l'histoire, que lors du déclin de l'Empire romain, dont la splendeur passée n'était plus perceptible que dans la botte d'Italie, l'architecture des anciens bains grecs et des "Balnea" romains inspirèrent les bains turcs, quoique ceux-ci, dans leur conception, sont de dimensions plus modestes. Néanmoins, la pratique du hammam ne commença véritablement à se développer que 600 ans après l'ère chrétienne environ, c'est-à-dire durant l'âge d'or de la civilisation islamique. Les musulmans croyaient que la chaleur du hammam, un terme qui signifie en langue arabe "source qui répand la chaleur", augmentait la fertilité et facilitait ainsi la reproduction des croyants, d'où tout l'intérêt qui les a incités à œuvrer à son développement et à encourager son expansion et sa pratique quasi religieuse.