Les chiffres annoncés par l'ONS à propos de l'inflation durant l'année 2010, laquelle a été estimée à 3,9 %, n'on pas laissé indifférents. Si pour la rue et le citoyen lambda ces chiffres ne reflètent pas la réalité et sont plutôt provocateurs au vu des hausses affichées sur les prix des produits alimentaires et de l'érosion du pouvoir d'achat, ce qui a soulevé la rue, l'avis des experts et des ministres est tout autre. Ainsi, pour le ministre de la Prospective et des Statistiques, Abdelhamid Temmar, qu'on a rencontré, hier lors de la clôture de la session d'automne de l'APN, les chiffres annoncés sont "bons". Ce "sont des chiffres calculés selon les normes du BIT et selon des statistiques avérées et quiconque les remet en question, qu'il nous ramène les statistiques sur lesquelles il se base et les preuves contraires et je suis prêt à le rencontrer directement". L'invitation reste ouverte et le débat est ainsi lancé. Beaucoup d'experts et d'économistes s'interrogent sur les mécanismes d'évaluation des grands agrégats économiques et des capacités objectives de l'Office national des statistiques qui est sous la tutelle du ministère des Finances. Cette " dépendance " est d'ailleurs remise en cause et reflète "l'absence d'objectivité" dont pourrait jouir une institution indépendante à même de donner des chiffres crédibles sans subir pour cela le poids politique. Le Cnes du temps du défunt Mentouri, évaluait périodiquement la situation socio-économique qu'il livrait chaque six mois, tout en observant cette fameuse indépendance. "Les données sur lesquelles se base l'ONS pour établir ses calculs semblent omettre certains paramètres, notamment le poids de l'informel qui échappe au contrôle", estiment certains connaisseurs de la question financière et statistique. Une remise en question susceptible de jeter le discrédit sur les statistiques algériennes, d'autant que le département de M. Temmar compte lancer un recensement économique qui risque d'être biaisé à son tour par la question politique. La même question relative aux chiffres de l'ONS est posée à l'ancien ministre des Finances, Abdelkrim Harchaoui. Ce dernier, député, estime, quant à lui, que "c'est un taux moyen" en parlant des 3,9 % d'inflation enregistrés durant l'année écoulée. "C'est un taux annuel" dira -t-il tout en expliquant que "parfois les tendances sont à la hausse et à raisonner conjoncture, il y a des moments où il y a une forte hausse des prix et des moments de baisse mais la sensibilité est provoquée généralement par les hausses. Les prix affichés et le pouvoir d'achat pour nous autres consommateurs sont quelque chose de provocateur. Le pic est capté, mais j'estime que les produits saisonniers connaissent que des hausses et marquent l'individu d'une façon générale, au vu de la masse de liquidités injectée dans le circuit économique le taux d'inflation que nous subissons aujourd'hui est réellement acceptable".