Qu'est-ce qui fait donc fuir les investisseurs étrangers ? Rien et tout en même temps. En dépit de toutes les facilités accordées par l'Etat algérien aux investisseurs étrangers, il faut compter un marché potentiel, un régime foncier allégé, un accès au crédit de financement simplifié, une légère baisse de la pression fiscale et bien d'autres mesures "d'assouplissement", rien n'est venu refléter tout cela. Bien au contraire, cela a même freiné les ardeurs des candidats potentiels, aussi étrangers que nationaux. Le bilan affiché, d'ailleurs, par l'Agence nationale de développement de l'investissement pour l'exercice 2010 est plus qu'édifiant. Il fait ressortir le net recul des investissements nationaux, créateurs d'emplois et n'annonce qu'un maigre chiffre des investissements étrangers. " Les investissements étrangers en Algérie ont amorcé une hausse, en 2010, s'établissant à 11 projets contre 4 en 2009, mais la reprise reste "prudente" ". Une " prudence " qui s'explique probablement par le climat des affaires dont les textes de loi " répulsifs ", le programme quinquennal bloqué des suites de la mise en place du nouveau code des marchés publics, par la baisse du niveau des commandes ainsi que de celle de la production, mais surtout par l'effritement du pouvoir d'achat. Selon l'Andi, les causes proviennent des " conséquences induites par la crise financière internationale de 2008 qui ont fortement contrarié l'acte d'investir ". Cette baisse est aussi due aux " répercussions des nouvelles mesures des lois complémentaires de finances pour 2009 et 2010 et du gel provisoire de certaines activités en voie de saturation (transport collectif) ", évoquant aussi " l'exigence préalable du registre de commerce et du certificat d'existence lors de la déclaration d'investissement, la convergence des petits projets vers d'autres dispositifs plus attractifs (Ansej et Cnac), ainsi que la convergence et réorientation des projets spécifiques (agriculture, mines et carrières, etc.) vers des fonds dédiés aux bénéficiaires par des aides conséquentes ". L'Andi associe cette baisse d'investissement à " la réorientation des investissements en accord avec le plan de relance 2010/2014 qui prévoit des investissements publics sur certains secteurs (santé, industries, sous-traitance mécanique, environnement ". Le bilan de l'Andi fait ressortir que des investissements enregistrés durant l'année écoulée, ni le volume, ni les emplois n'ont pu amorcer une avancée. Bien au contraire, les 11 projets d'investissements ne seraient capables de créer que quelque 2600 emplois. Qu'est-ce qui empêche donc les investisseurs étrangers à venir chez nous ? Pourquoi les investissements nationaux ont-ils donc baissé de moitié ? En 2010 l'indice de confiance des chefs d'entreprises a baissé jusqu'à moins onze points. Les lois ne seraient-elles donc pas si favorables à l'investissement en Algérie ? Le privé algérien serait-il laissé pour compte au point où " les investissements initiés par des nationaux ont enregistré une baisse de presque de moitié (48%) à 9.488 projets contre 19.725 projets en 2009 " ? Pourtant, les chiffres avancés par l'agence indiquent que "le montant global des investissements nationaux et étrangers, déclarés éligibles aux avantages de l'Andi, s'est chiffré à 479,2 mds de DA, dont 420,3 mds de DA pour les nationaux et 58,9 mds de DA pour les investissements étrangers " et que" Les ratios en termes de nombre de projets représentent 99,88% pour les nationaux et seulement 0,12% pour les étrangers, alors que sur le plan financier ces derniers concourent pour près de 12% et les nationaux 88% ". Sur le plan de l'emploi ces derniers se sont avérés plus aptes à créer des postes de travail, et à en croire l'Andi " les investissements nationaux ont aidé à créer plus de 83.300 emplois directs (97%) alors que ceux en partenariat avec des étrangers ont généré 2.600 emplois directs, soit 3% sur l'ensemble ".