On peut résumer les contradictions à travers une seule question : pourquoi les réformes sont-elles interminables? Cela fait quand même au minimum 22 années qu'ont débuté les réformes dont les toutes premières étaient l'autonomie de l'entreprise et la restructuration des entreprises autour de la séparation des fonctions, ce qui avait induit la multiplication par division du nombre des entreprises publiques. Pourquoi est-il possible que depuis 22 années au moins, on fait encore du surplace puisque les réformes continuent mais semblent entrer dans la phase de leur gel, la question des privatisations étant pratiquement différée, assez pour dire que les intentions peuvent encore exister mais qu'il faudrait tenir compte de nos capacités , les mises à niveau ne nous ont pas encore donné les entreprises performantes qu'on attendait, et qui pourront aller au combat sur le plan international et également sur le plan national, pour ne pas perdre le marché intérieur. Pourquoi parlons-nous des réformes alors que nous sommes censés avoir tout fait durant la décennie 90 ? On parle maintenant des réformes politiques et pas des réformes économiques. Pourtant, il était arrivé que le patronat déplorait le fait que cela fait beaucoup plus d'une dizaine d'années que le processus des réformes avait été lancé et " ça n'en finit pas ". Il faut réaffirmer les grandes options et mettre en exécution la visibilité contenue dans la stratégie industrielle. On ne parle plus de toute façon de stratégie industrielle. Comment alors cette visibilité se traduirait-elle par une approche sectorielle, une dynamique du secteur bancaire, la création d'un marché de capitaux, la promotion de l'innovation, si le gouvernement ne nous disait pas en quoi consiste cette stratégie apparemment mise aux oubliettes ? Pourrions-nous considérer qu'il existe une profonde convergence entre les opérateurs économiques du secteur privé et les institutions, ou plutôt le gouvernement ? Des obstacles internes, des obstacles externes, ou simplement la conviction qu'il vaudrait mieux pour le moment ne pas entrer dans des guerres économiques que nous ne gagnerons pas. Faudrait-il confectionner des textes et ne plus compter que sur eux pour qu'ensuite par miracle l'économie se mette en marche? Il est vrai que l'Algérie est riche en textes, ou plutôt tout le monde le soutient. D'ailleurs, à chaque fois qu'il faudrait justifier un déficit, une déviation, les officiels et les non officiels s'engagent dans une course d'argumentations qui concernent les textes, parfois l'environnement international, mais parfois occultent les adaptations des hommes et des femmes. Ces textes tiennent-ils compte de nos spécificités, à savoir que la maîtrise des mécanismes de l'économie de marché nous est étrangère ou ne correspond pas à notre stade de développement ? sommes-nous inspirés par des modèles économiques inadaptés ? On parle souvent de défis à relever mais qui doit s'en charger en tant qu'acteurs, les patrons ayant déjà reproché aux pouvoirs publics de ne pas les avoir associés aux négociations internationales, avec l'OMC par exemple, et plus particulièrement les accords d'association avec l'Union européenne. Il existe ceux qui estimaient que le dévoiement politique, ou le dévoiement du processus démocratique, était dû à la non préparation des populations à entrer dans le pluralisme politique . Nul pareil débat n'a été engagé sur le plan de l'entrée dans l'économie de marché, pour dire éventuellement que nos économistes, nos entreprises et même la classe politique, elle-même, n'y étaient pas préparés. C'est la classe politique qui devrait subir des réformes, car elle est pratiquement seule responsable de la double impossibilité de la relance de l'économie et de l'amortissement des frustrations socioéconomico- politiques des populations.