Le rideau s'est levé hier au théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa sur la neuvième édition des rencontres cinématographiques de Bgayet. Ce rendez-vous qui s'est imposé malgré le manque de production cinématographique, s'est offert pour la cérémonie d'ouverture, le film " Dans le silence, je sens rouler la terre " de Mohamed Lakhdar Tati.Sélectionné dans la compétition documentaire du Fespaco 2011, le film de Tati fut selon certains, injustement écarté du palmarès. Il est revenu bredouille du rendez-vous de Ouaga tandis que "Le Voyage à Alger " et "Garagouz ", avaient raflé (et même dans d'autres compétitions) plein de trophées. Ce documentaire qu'on dit poétique, parle d'un pan obscur de la colonisation française en Algérie, celui des révolutionnaires anti-franquistes. Autodidacte, Tati a paraphé début 2000 son premier court, " Aveu ", où il saisissait le silence éclatant de l'ombre totalitariste. Quelques années plus tard, il signe son premier documentaire expérimental, " Joue à l'ombre ", où il est question de la ville d'Alger, de ses sons et de sa pathétique lumière. Jusqu'au 17 juin prochain, le public béjaoui pourrait aller à la rencontre de près de 50 films entre court, long et documentaire. Un menu paradoxalement quantitatif si l'on s'en tient aux productions rarissimes qui se font chaque année. Organisées par l'association Project'heurts de concert avec le Service de Coopération et d'Action Culturelle de l'Ambassade de France, ce rendez-vous créé en 2003, gagne en réputation du fait que dedans on propose des ateliers de formation aux sonorités poétiques -ça s'appelle côté cour- où des projets sont conçus puis montés pour les prochaines éditions. En clair, ces rencontres dans leur "Côté Cour " s'alimentent d'une certaine façon d'elles-mêmes comme s'il s'agissait d'une vraie entreprise de production cinématographique. Et d'ailleurs, un des films, " Afric hotel " de Nabil Djedouani et Hacène, vient justement de là. Ce film qui parle des immigrés subsahariens a été projeté ce matin et tout juste après il y eut la projection, Cinéma algérien, de Mounia Medour, fille du défunt réalisateur Azzedine, auteur de la pathétique, " Montagne de Baya ". Pleins d'autres produits seront proposés au public de Béjaia dont six courts métrages venus d´ici et d'ailleurs. Il s´agit entre autres de " On ne mourra pas " de Amal Kateb, l'eternel " Khouya " (mon frère) de Yanis Koussim, (ce film est tout comme celui de Tati, de Zhazah, " Garagouz " est actuellement sélectionné pour le huitième Festival du cinéma Africain de Tarifa qui se déroule en Andalousie), " Jouu " de Djamel Beloucif, " Album " de Shiraz Fradi, " Garagouz " de Abdenour Zahzah et " Apnée " de Mahassine El hachadi. Cette édition rendra par ailleurs hommage au réalisateur libanais Ghassan Salhab avec les projections de " 1958 " et " Posthume " et fera un gros plan sur la production de Mohamed Lakhdar Tati et Mehdi Hmili avec " Le dernier minuit ". C'est demain que débutera l'hommage au réalisateur libanais, auteur et scénariste de plusieurs courts et longs métrages dont son fameux, " Beyrouth fantôme ". Lorsque le soleil se déclinera, Project´heurts proposera avec Thala Production, des courts métrages réalisés dans le cadre du projet "Alger, demain", en présence de deux des réalisateurs. Le Théâtre régional de Béjaïa accueillera en soirée la projection du long métrage Donoma de Djin Carenard en présence d´une des comédiennes du film, Laure Kpegli. Ce rendez-vous ne fera pas l'impasse sur les révoltes arabes et compte montrer le film Bochra de Jilani Saâdi. Un portrait sur une militante défenseuse des libertés. Le bal de ces rencontres va se clôturer avec un film lyrique, " Un Transport en commun " de Dyana Gaye qui fera voyager le public au cœur du continent noir. En parallèle, des échanges et des réflexions autour du cinéma se feront avec des professionnels sans oublier le clou de ces rencontres qui semble être le côté pédagogique ou encore, l'atelier "Côté courts" consacré à la réécriture de scénarii.