Les Italiens ont commencé à voter, hier, par référendum, sur le retour au nucléaire, la privatisation de l'eau et l'immunité pénale de Silvio Berlusconi. Cela constitue un nouveau test pour le chef du gouvernement après sa récente déroute aux élections municipales. Il doit atteindre 50 % plus une voix pour que ces référendums, abrogatifs de lois en vigueur, soient adoptés, un quorum jamais atteint depuis 1995 pour ce type de vote. Silvio Berlusconi a, d'ailleurs, fait savoir haut et fort qu'il ne vote pas à ces référendums lancés par l'opposition. Son parti, le Peuple de la Liberté (PDL), n'a pas donné de consigne de vote sur l'eau et le nucléaire. Cependant, il a appelé ses partisans à ne pas retirer les bulletins pour le référendum sur la justice afin d'éviter d'atteindre le quorum. L'Italie qui, rappelons-le, comptait une poignée de centrales, a laissé échapper comme du sable fin, le nucléaire par référendum depuis 1987 dans la foulée de la catastrophe de Tchernobyl. Le gouvernement Berlusconi avait fait du retour à l'atome l'un de ses projets-phares, prévoyant la construction de quatre centrales à partir de 2014 pour mise en service d'ici 2020. Mais en avril dernier, il avait donné un coup d'arrêt provisoire à ce programme. S'il ne bouleverse donc pas dans l'immédiat la donne sur l'atome civil en Italie, les résultats du référendum seront un bon indicateur de l'opinion publique sur cette énergie après la catastrophe de Fukushima qui a secoué de plein fouet le Japon et l'abandon du nucléaire par l'Allemagne. "Un non de l'Italie au nucléaire ne ferait que confirmer qu'il est temps de mettre les réacteurs à la retraite, un choix nécessaire pour la sécurité des citoyens qui pourrait ouvrir une phase de réflexion dans le reste des Etats membres, y compris en France", a déclaré l'eurodéputé d'Europe écologie Daniel Cohn Bendit, dans une interview au quotidien écologiste Terra. Les Italiens doivent également se prononcer sur une loi dite "d'empêchement légitime " qui permet à Silvio Berlusconi d'éviter de se présenter à ses procès en raison de ses obligations de Premier ministre. Le Cavaliere, 74 ans est actuellement poursuivi dans trois affaires, pour corruption de témoin, fraude fiscale et faux en bilan, prostitution de mineure et abus de pouvoir (Rubygate). Le troisième référendum porte sur la libéralisation du secteur de l'eau. Celle-ci reste un bien public, mais les deux questions s'y référant portent sur sa gestion et la tarification. Environ 47,2 millions d'Italiens dans la péninsule et 3,2 millions résidant à l'étranger sont concernés par ce scrutin qui se déroule depuis 06H00 GMT et jusqu'à 20H00 GMT dimanche et lundi de 05H00 GMT à 13H00 GMT. Une forte participation et un échec du camp Berlusconi viendrait affaiblir un gouvernement déjà fragilisé par le revers subi par la coalition au pouvoir municipales partielles, il y a 15 jours, quand elle a perdu entre autres son fief de Milan. Pour Eugenio Scalfari, fondateur du quotidien de gauche La Repubblica, un tel résultat aurait des "effets imprévisibles". "J'exclus la démission de Berlusconi mais je n'exclus pas l'implosion du PDL et de la Ligue du Nord", son allié crucial au gouvernement, estime l'éditorialiste. IIGiornale, journal détenu par la famille Berlusconi, a qualifié ces scrutins d`"embrouille". Les partisans du référendum ont, de leur côte, multiplié les initiatives pour inciter les gens à voter, organisant concerts, spectacles et manifestations. Les initiatives vont de rabais dans des bars, restaurants ou bijoutiers à des massages, cours de yoga, voire, comme à Naples, des rabais sur les locations de transats à la plage pour ceux qui montreront leur carte électorale timbrée.