La fête du théâtre comique qui s'est ouverte dimanche dernier dans la ville antique de Médéa bat son plein avec des représentations théâtrales, plus drôles les unes que les autres. De nombreux artistes et comédiens prennent part à ce festival qui en est à sa sixième édition et qui a consacré à ses débuts, l'essentiel de son programme à feu Rouiched. Une fois passé le cérémonial des remises des prix à plusieurs comédiens, artistes et écrivains, lors de l'ouverture, le moment était venu pour la présentation des pièces dont "Zawbaa fi findjane" du théâtre régional d'Annaba, en hors compétition. Au total, huit pièces seront en compétition, du 26 jusqu'au 30 septembre courant, pour le trophée suprême de la "Grappe d'or", lequel sera décerné par un jury que présidera la metteur en scène et actuelle directrice du théâtre régional de El Eulma à Sétif, Fouzia Ait El-Hadj. Parmi ces œuvres, on peut citer "Et-maa" de l'association culturelle Ithrane de Tizi-Ouzou, "El-Bourdjouazi", de la coopérative culturelle Mahfoud Touahri de Miliana, "Tag alla men tag" et "Zaim en-nech" , interprétées respectivement par les jeunes comédiens de l'association Arc en ciel d'Alger, et le Mouvement Théâtral de Koléa (MTK). Les amateurs du quatrième art sont conviés également à suivre, "El-falta", de la coopérative Souad Sebki, d'Alger, "Sadiki ech-chabah", de l'association de théâtre de Chlef, "El-khmissi wa el-houaria", produite par la coopérative Aniss de Sétif, "Medrassate el abaa", interprétée par la troupe El-Afrah de Médéa. S'agissant du volet en hors compétition, le commissariat du festival a choisi trois pièces en l'occurrence "Ez-zaikha", "Leilet el-kitar" et "Toba", qui seront présentées en dehors de la salle de spectacle officielle, située à la Maison de la culture Hassan el Hassani, afin de "s'ouvrir davantage sur le public et lui offrir l'occasion de redécouvrir à nouveau le théâtre", a-t-on indiqué auprès du comité d'organisation. Une dizaine de monologues mis en scène par de talentueux comédiens, comme Mustapha Ayad, Mohamed Islam, Mustapha "Ghir hak" et le trio Hamid Achouri, Kamel Bouakkaz et Salah Ougrout ont été également sélectionnés pour se produire dans d'autres localités telles Ksar-el-Boukhari, Ain-Boucif, Si-Mahdjoub, Zoubiria et Moudjbeur. Des humoristes et comédiens sont attendus pour animer ces journées. Il s'git entre autre de Souileh, Hamid Achouri, Kamel Bouakhaz, Abdelkader Secteur, mais également Mustapha Ayad, Samir Bouanani et Mohamed Islam, qui vont gratifier le public d'une série de spectacles, à travers plusieurs grandes agglomérations urbaines de la wilaya. L'édition "Keltoum" du festival national de théâtre comique consacrera un hommage posthume à cette grande comédienne qui a joué dans une vingtaine de films et plus de soixante dix pièces théâtrales au cours de sa longue et riche carrière artistique, entamée au milieu des années trente du siècle dernier. Cette sixième édition sera donc particulièrement dédiée à l'immense "Keltoum " qui a trépassé l'an dernier à l'âge de 96 ans. Actrice fétiche du réalisateur Lakhdar Hamina, très peu bavarde, Keltoum avait une incroyable présence sur scène ; elle était peut être la seule qui a donné le plus d'énergie à une arène culturelle à l'époque où il était scandaleux pour une femme de franchir les frontières des planches. Elle l'a fait, et comme les héros qui sauvent leurs fiancées après avoir vaillamment bataillé contre hydres et dragons, elle était toute seule dans ce monde exclusivement investi par les hommes. Ce n'était pas sans peine bien sûr, parce que derrière, elle a dû renoncer à son cocon familial, à sa ville natale de Blida. Partie à zéro, sans cette sécurité du cœur que procure généralement à chaque enfant une mère, un père, elle s'est refaite pour être une Keltoum capable de toucher les étoiles. Sa passion irréductible pour toutes les formes de l'art l'a menée d'abord vers la fin des années 20 (elle est née en 1916), sur les scènes publiques du chant, de la danse en animant les fêtes de mariage et autres baptêmes. Elle était la première femme à ouvrir les portes blindées et combien machistes du théâtre. Les autres la suivront par une espèce de douce contagion, telles les Saboundji, Sonia et autres.