Les prix du pétrole divergeaient, avant-hier, en fin d'échanges européens, dans un marché déçu par l'absence de nouvelles mesures de la part de la Banque centrale européenne (BCE) pour répondre à la crise de la dette, et pâtissant du renforcement du dollar face à un euro sous pression. Peu avant la clôture, le baril de Brent de la mer du Nord, échangé sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres pour livraison en septembre valait 106,46 dollars, progressant de 50 cents par rapport à la clôture de la veille. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance lâchait pour sa part 94 cents à 87,93 dollars. La BCE a laissé son principal taux directeur inchangé à 0,75%, son plus bas niveau historique, et son président, Mario Draghi, qui s'est exprimé pour la conférence de presse mensuelle de l'institution suivant la décision sur les taux, n'a fait aucune annonce concrète. La BCE douchait ainsi les espoirs du marché, alors que le président de l'institution avait lui même suggéré la semaine dernière que la banque centrale pourrait intervenir sur les marchés obligataires afin de soulager des pays en difficulté de la zone euro, comme l'Espagne. "Le marché a été totalement déconcerté par le discours de Mario Draghi, qui renforce les incertitudes sur les perspectives économiques de la zone euro, et cela a miné le moral des investisseurs", expliquait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden. "M. Draghi est revenu sur sa promesse que la BCE ferait tout ce qui est nécessaire pour sauver l'euro", et ses commentaires, avant-hier, "ont pesé lourdement sur l'euro face au dollar, ce qui a fait plonger en conséquence tous les prix de matières premières libellées dans la monnaie américaine", soulignait Fawad Razaqzada, du courtier GFT Markets. Le renforcement du billet vert face à un euro sous pression contribuait en effet à rendre moins attractifs les achats de pétrole libellés en dollars pour les acquéreurs munis d'autres devises. Les cours du brut, comme les Bourses, pâtissaient par ailleurs de la défiance des investisseurs pour les actifs jugés plus risqués, avant que les opérateurs n'adoptent en fin d'échanges européens "une position attentiste, à la veille du rapport sur l'emploi américain", ajoutait Mme Sokou. Alors que ce rapport mensuel sur l'emploi et le chômage est considéré comme un baromètre crucial pour évaluer la vigueur de la première économie mondiale, l'annonce, avant-hier, d'un rebond des inscriptions au chômage pendant la quatrième semaine de juillet n'était pas de nature à rassurer les opérateurs. Le marché avait déjà été déçu la veille par un statu quo de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui n'avait pas non plus évoqué de nouvelles mesures de soutien pour stimuler une économie à la peine. "La Fed a raté l'occasion de donner un coup de fouet aux marchés, en dépit des inquiétudes sur la morosité de l'économie américaine et alors qu'il n'y a certainement rien d'encourageant dans le tableau de l'économie mondiale", soulignait David Hufton, analyste du courtier PVM, rappelant notamment la nouvelle contraction de l'activité manufacturière en Chine en juin. En Asie, les cours du pétrole étaient en baisse, après l'absence d'annonce de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire par la Fed malgré l'état maussade de l'économie des Etats-Unis, mais le repli était limité par la chute des stocks de brut américains. Lors des échanges matinaux, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en septembre, cédait 12 cents à 88,79 dollars et le baril de Brent de la mer du Nord échéance septembre perdait 14 cents à 105,82 dollars.