Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a demandé, avant-hier, aux députés européens de réfléchir à deux fois avant de rejeter le budget pour 2014-2020, comme ils menacent de le faire. Je vous demande de réfléchir à deux fois, et même plus que deux fois, a lancé avec animation M. Van Rompuy, lors d'un premier débat au Parlement européen. Le 8 février, à l'issue d'un sommet laborieux de près de 25 heures, les chefs d'Etat et de gouvernement européens ont trouvé un accord sur le budget pluriannuel, en baisse pour la première fois dans l'histoire de l'UE. Ce compromis doit maintenant être approuvé par le Parlement. Or, les chefs des quatre principaux groupes politiques (conservateurs, socialistes, libéraux et Verts) ont annoncé qu'ils refuseraient d'accepter en l'état le budget, et prévenu que les véritables négociations commençaient. En cas de veto, l'UE devrait vivre avec des budgets annuels sur la base du budget de 2013. Le budget pluriannuel offre une stratégie économique et a aussi des accents sociaux, a plaidé M. Van Rompuy. Je prie le Parlement européen de réfléchir à deux fois avant de s'embarquer dans une politique de budget annuel qui selon lui ne donnera aucune perspective. Pour donner des gages aux parlementaires, il a repris leurs trois grandes exigences en affirmant que les dirigeants des 27 avaient donné des signes d'ouverture sur la flexibilité au sein du budget (entre les lignes budgétaires et d'une année sur l'autre), sur une éventuelle révision du budget en cours d'exercice, et sur la mise en place de ressources propres pour l'UE. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a réaffirmé que les montants décidés par les dirigeants de l'UE étaient inférieurs au niveau d'ambition jugé souhaitable par la Commission. Les crédits d'engagement (plafond autorisé) ont été fixés à 960 milliards d'euros, et les crédits de paiements (dépenses effectives) à 908,4 milliards. Pour M. Barroso, cette différence ne peut être acceptée qu'avec une flexibilité maximum au sein du budget. Pour appuyer leur plaidoyer, tant M. Van Rompuy que M. Barroso ont souligné que le montant des dépenses effectivement payées au cours des budgets précédents restait très inférieur aux enveloppes prévues dans le projet actuel. Négocions, nous serons au rendez-vous de nos responsabilités, a promis le président du groupe PPE (conservateurs), Joseph Daul. Ce budget tel quel, nous le rejetterons, a assuré Hannes Swoboda, le chef du groupe socialiste. Ce n'est pas un budget pluriannuel que le Parlement peut accepter, a dit son homologue libéral, Guy Verhofstadt, en dénonçant un copier-coller de l'exercice précédent. Pour Isabelle Durant (Verts), ce n'est qu'une épure de budget européen. Seul le conservateur britannique Martin Callanan, a défendu un accord pragmatique. Si le Parlement décide de partir en guerre contre le Conseil, tout le monde souffrira, a-t-il prévenu. Agacé par les critiques contre les dirigeants européens, qu'il représente, M. Van Rompuy, a récusé un faux débat entre bons et mauvais Européens, entre responsables et irresponsables. Ce n'est pas un concours de beauté, a-t-il dit.