Le Cambodge et la Thaïlande s'affrontaient depuis, hier, devant la plus haute juridiction de l'ONU au sujet de terres qu'ils se disputent autour d'un temple du XIe siècle dans une affaire qui pourrait selon Phnom Penh marquer la fin des relations amicales entre les deux pays. Les débats, qui doivent durer un peu plus d'une semaine, se sont ouverts lundi matin devant la Cour internationale de justice, qui siège à La Haye, à la suite d'une plainte du Cambodge déposée en avril 2011 et demandant d'interpréter un arrêt de la CIJ rendu en 1962 qui lui octroyait la souveraineté sur Preah Vihear. Si la Thaïlande ne conteste pas la souveraineté de son voisin du Sud sur le temple, les deux pays revendiquent une zone de 4,6 km2 en contrebas des ruines alors que Bangkok en contrôle les principaux accès. Une décision de la CIJ n'est pas attendue avant plusieurs mois. Sans interprétation de l'arrêt de 1962, la situation va s'aggraver (...), les relations avec la Thaïlande ne pourront être amicales et coopératives dans le futur, a déclaré devant les juges le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Cambodge Hor Namhong. Avant le début de l'audience, il avait assuré que son pays se sentait menacé par les incursions des troupes thaïlandaises. Il y a un problème parce que la Thaïlande n'a pas respecté l'arrêt de 1962, et réclame depuis 2008 4,6 m^3 dans les environs du temple, a-t-il déclaré: Or, selon l'arrêt de 1962, les environs du temps sont aussi cambodgiens. La Thaïlande s'exprimera devant les juges à partir de demain. En février et avril 2011, d'intenses combats avaient eu lieu près de la frontière entre les deux pays, notamment autour du temple, faisant au total 28 morts. D'autres combats avaient opposé les deux pays les années précédentes. La CIJ avait dès lors ordonné en 2011 aux parties, dans l'attente d'une décision sur le fond, de retirer leurs forces de la zone envisagée. Cette ordonnance avait été respectée. Le temple est perché sur une falaise située au Cambodge et est dès lors beaucoup plus facile d'accès par la Thaïlande. L'accès est d'ailleurs tellement difficile par le Cambodge que la place était une des dernières à être tombées aux mains du régime des Khmers rouges dans les années 70. Preah Vihear a également été le dernier bastion en 1998 de quelques centaines de Khmers rouges appartenant à la guérilla. L'atmosphère entre le Cambodge et la Thaïlande s'est pourtant réchauffée depuis l'arrivée au pouvoir à l'été 2011 en Thaïlande de Yingluck Shinawatra, sœur de l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, qui est un ami du chef du gouvernement cambodgien Hun Sen. Mais le puissant chef de l'armée thaïlandaise Prayut Chan-O-Cha avait assuré en janvier que son pays pourrait ne pas respecter la future décision de la CIJ si celle-ci devait s'avérer mauvaise pour les Thaïlandais.