Les Ouarglis s'apprêtent à accueillir, en communion avec le monde musulman, le mois sacré de Ramadhan par des préparatifs faisant partie des us et traditions millénaires encore préservés par la société. Plusieurs chefs de famille se trouvent, en effet, dans l'obligation de se reconvertir, par la force des choses, en "expert-comptable" afin de s'imposer un régime restrictif durant le mois sacré, en administrant leurs ménages "avec une sage économie". Seules les prouesses d'un "expert-comptable" pouvant rationner les dépenses et les charges est à même de "sauver" le budget familial de tant de "tentations de ripailles" durant ce mois de jeûne qui appelle pourtant à la sagesse et à l'abstinence. La flambée des prix, pratiquée dès l'avènement du mois de Ramadhan, par des commerçants avides ne laissent pas indifférents les pères de familles qui, par souci de s'épargner les "surtaxes événementielles" et les fluctuations survenant dans les prix au détriment de leurs bourses, s'approvisionnent, des semaines avant le jour "J", en produits alimentaires de base non périssables nécessaires au menu de Ramadhan. Entre le marteau des dépenses et l'enclume des exigences, certains ménages, notamment la classe moyenne, recourent aux méthodes traditionnelles d'ensilage pour sécher, entreposer et conditionner leurs produits afin de se prémunir des spéculations effrénées sur les aliments et de leur cherté.
Les rudes épreuves n'altèrent guère la saveur du Ramadhan Les lourdes charges et dépenses prévues pour ce mois sacré ne peuvent, toutefois, occulter les vertus innombrables de cette occasion religieuse que les familles ouarglies s'attachent à préserver avec fierté. L'aménagement, l'embellissement, le changement de décor des foyers, l'achat d'une nouvelle gamme d'ustensiles et la réhabilitation d'autres servant uniquement aux plats traditionnels, font partie des actions projetées en prévision du Ramadan, mois de pardon, de rahma (miséricorde) et de générosité. D'aucuns soutiennent, en effet, que "l'Invité annuel, qu'est le mois de Ramadan, est le mois de générosité et d'abondance", justifiant subtilement les dépenses des Ouarglis durant cette période d'abstinence où l'amour du prochain et les valeurs spirituelles constituent le socle sur lequel reposent la fraternité, l'entraide et la solidarité entre les familles algériennes.