Selon M. Djillali Hadjadj, porte-parole de l'Association algérienne de lutte contre la corruption "celle-ci est une démarche globale". Il ne s'agit pas seulement de légiférer, encore, faudrait-il appliquer les lois et surtout mettre en place les textes d'application". Il croit, dans ce contexte que l'Algérie est en panne. "Nous sommes toujours en attente desprincipaux textes d'application de la loi de février 2006. Il faut espérer que dans les prochaines semaines, ces textes paraissent", a-t-il souligné, jeudi dernier. Parlant des propos du président du MSP, qui, dans une conférence de presse a déclaré détenir des dossiers sur de hautes personnalités liées à la corruption, il précise : "La loi algérienne est très claire, la justice doit s'autosaisir, comme elle doit le faire par rapport à toute déclaration, de n'importe quel citoyen quelle que soit sa fonction ou son grade. Malheureusement, ce n'est pas nouveau, la justice peine toujours à s'autosaisir, parce que, là nous sommes dans une situation extrêmement grave". De son point de vue, ces déclarations n'apportent rien de positif. " Au contraire, elles sèment la confusion, venant d'un leader d'un parti politique dans une période pré-électorale. Nous nous posons des questions. Est-ce que ce n'est pas électoraliste. Est-ce qu'il y a un côté populiste et démagogique ? Je crois que la lutte contre la corruption a besoin de sérénité, de démarches très claires” Ce type de déclaration, est plutôt négatif et contre-productif auprès de l'opinion publique. Revenant sur la lutte contre la corruption qui, d'après lui, relève d'une stratégie et d'une démarche globales, M. Djillali Hadjadj explique : "L'Algérie est appelée à ratifier des conventions, à préparer des lois ; des textes d'application sont en attente, ce n'est pas suffisant. La stratégie, c'est, d'abord fixer des objectifs, avoir un programme, avoir un plan, définir l'application d'un certain nombre de secteurs d'activités du pays, les pouvoirs publics, le secteur privé, la société civile, les médias". Tout cela, dit-il, n'apparaît pas "clairement". "Nous sommes dans l'attente d'une démarche claire à ce niveau-là, d'une stratégie sur le court terme et le moyen terme". Selon lui, les axes sont multiples, mais globalement, il faut qu'il y ait une volonté politique claire, qui sorte des discours, et va directement sur le terrain et à tous les niveaux des institutions de l'Etat. "Il faut plus de transparence dans la passation ses marchés publics ". Concernant la déclaration du patrimoine,M. Hadjadj estime que " c'est un instrument de prévention et de contrôle des agents publics, élus, des hauts fonctionnaires et des ministres". Sur cette question, il ajoute "nous sommes en souffrance de textes d'application, l'ordonnance de 1997 n'existe plus, les textes de la nouvelle loi, ne sont pas toujours prêts. "Il mesure le niveau de la corruption en Algérie en disant que beaucoup d'indices relevés dans le monde et même des analystes et experts algériens le montrent, "la petite corruption est, malheureusement, quasi-généralisée, la grande corruption, notamment dans les marchés publics, l'est également. L'actualité le montre, quotidiennement, de grands scandales frappent le système bancaire et les grands marchés publics". Et à quelques heures de l'annonce du baromètre mondial de la corruption pour 2006, un sondage d'opinion au niveau de 62 pays, (60 000 personnes ont été sondées), montre que 70% des personnes interrogées, considèrent que leurs gouvernements ne luttent pas suffisamment contre la corruption . Ils considèrent, par ailleurs, que la petite corruption touche les secteurs au niveau desquels les citoyens sont en contact avec l'administration. M. Djillali Hadjadj souligne, que dans ce domaine, la situation est inquiétante et qu'il est temps de réagir avec tous les acteurs concernés. Il affirme, par ailleurs, que l'Algérie ne figure pas de manière explicite dans ce baromètre, mais dans un pays voisin, le Maroc, qui fait son entrée, la situation est inquiétante, mais qui n'apporte rien de nouveau. La petite corruption est extrêmement développée, étendue à tous les secteurs.