La Conférence nationale sur le développement économique et social a clôturé ses travaux, avant-hier, au Palais des Nations par l'adoption de plusieurs recommandations visant à renouer avec une croissance forte à travers la relance de la machine de production et l'amélioration du climat des affaires. Durant trois jours, les participants à cette conférence ont mené un débat critique sur l'état des lieux de la sphère économique avant de proposer une ''feuille de route'' en estimant que le taux de croissance de 7% escompté du prochain programme quinquennal ne pourrait être atteint sans un rythme plus soutenu des investissements dirigés, notamment, vers le secteur industriel. Experts, chefs d'entreprises, syndicalistes, représentants de la société civile et responsables de l'Administration ont tous été unanimes à souligner que l'attractivité de l'économie algérienne restait largement insuffisante pour ce qui est des investissements hors-hydrocarbures. Ils ont alors recommandé de mettre en place un plan d'action urgent pour améliorer le climat des affaires en Algérie, qui prendra les mesures nécessaires pour faciliter l'acte d'investir notamment en matière de foncier industriel, de facilitations bancaires, de procédures administratives, de lutte contre l'informel et de révision du cadre fiscal. Ils ont appelé, à ce titre, à mettre en place un environnement stable à même d'assurer la continuité des politiques publiques et la réduction de la fréquence et de l'imprévisibilité des changements législatifs et l'élimination des réglementations arbitraires.
Aucune discussion avec Arcelor Mittal sur Gara Djebilet Le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, a démenti l'existence de discussions entre l'Algérie et le numéro un mondial de la sidérurgie, ArcelorMittal, sur le projet d'exploitation du grand gisement de fer de Gara Djebilet. "Gara Djebilet n'a jamais fait objet de discussion avec ArcelorMittal", a-t-il déclaré lors d'un point de presse à l'issue de la conférence sur le développement économique et social, lorsqu'un journaliste l'a interrogé sur d'éventuelles tractations avec ce groupe dont la presse avait fait état récemment. Sur ce sujet, il a soutenu que le projet de Gara Djebilet ''est important et nécessite une approche pérenne pour le développer". M. Bouchouareb a précisé que le seul dossier évoqué avec ce sidérurgiste mondial était celui relatif au plan de relance du complexe d'El Hadjar qu'ArcelorMittal exploite avec l'entreprise Sider. Le ministre a indiqué que la visite effectuée cette semaine à Alger par Lakshmi Mittal, patron du groupe, est intervenue suite à l'invitation du ministère de l'Industrie et des Mines pour prendre part à la Conférence sur le développement économique et social tenue du 4 au 6 novembre au Palais des nations (Alger). Cette visite, a-t-il dit, a coïncidé avec l'examen, avant-hier, par le Conseil des participations de l'Etat (CPE) du projet de développement du complexe d'El Hadjar. Le groupe ArcelorMittal est présent en Algérie depuis 2001 après avoir racheté 70% du complexe sidérurgique d'El Hadjar, mais ses participations dans l'usine se sont réduites à 49% en 2013 après la reprise par l'Etat algérien du contrôle de ce complexe. L'option pour cette mesure avait permis de sauver le complexe d'une fermeture après les difficultés financières auxquelles faisait face la filiale algérienne d'ArcelorMittal. En 2012, ArcelorMittal Algérie (AMA) avait été sauvée in extremis d'une cessation de payement. Actuellement, l'entreprise publique Sider, partenaire d'AMA dans le complexe, détient 51% du capital d'El Hadjar. Les deux entreprises comptent investir un milliard de dollars dans le cadre d'un plan de développement adopté récemment par le CPE pour porter la production du complexe à 2,2 millions de tonnes d'acier par an.
La réorganisation du secteur public marchand vise à assurer une autonomie de gestion aux EPE Par ailleurs, le ministre a affirmé que la nouvelle réorganisation du secteur public marchand vise à assurer une autonomie de gestion aux Entreprises publiques économiques (EPE). Le ministre a précisé, lors d'un point de presse animé à l'issue de la conférence sur le développement économique et social, que cette autonomie qui sera conférée aux EPE va supprimer "toute intermédiation entre elles et le propriétaire qui est l'Etat". Ce nouveau mode de management va en effet apporter des modifications à la composante des conseils d'administration des EPE, qui seront désormais constitués par des banquiers et des experts. Aussi, les dirigeants des EPE seront tenus par des contrats de performance et bénéficieront à ce titre d'une augmentation de leur rémunération pour mener à bien les missions qui leur sont assignées. L'autre axe de la réforme initiée par le gouvernement dans le cadre de la réindustrialisassions du pays concerne le développement du secteur de la PME, a poursuivi le ministre qui a promis une refonte de la loi d'orientation sur la PME qu'il juge obsolète. Cette révision que le ministre a estimé nécessaire au regard du taux de mortalité des PME, est déjà engagée au niveau de son département, a-t-il fait savoir. Ce chantier comprend également la réforme du mode de fonctionnement de l'Agence nationale de développement de la PME (AND-PME), chargée de la mise à niveau des petites et moyennes entreprises. Le ministre a déploré à ce propos le manque d'absorption des fonds destinés à la mise à niveau des entreprises. Selon lui l'AND-PME qui dispose de 4 milliards de dollars d'avoirs destinés à cet effet n'en a consommé qu'une somme insignifiante. Toujours dans les PME, M. Bouchouareb a minimisé l'impact de l'abrogation de l'article 87 bis, en réponse à une question sur l'incidence financière que pourrait engendrer une telle mesure sur les petites et moyennes entreprises. M. Bouchouareb a estimé à ce titre que les PME sont menacées par d'autres facteurs liés, entres autre, à l'environnement dans lequel elles évoluent. Interrogé, par ailleurs, sur le changement de cap en matière de financements des investissements publics qui seront désormais assurés en partie par le secteur bancaire, le ministre a répondu qu'une orientation pareille "donnait un signal fort à l'économie", qui doit être financée par les banques et non pas par le Trésor public. "Les financements par le recours au Trésor public, c'est fini", a-t-il affirmé à ce propos. M. Bouchouareb a tenu à être précis toutefois sur ce point, en expliquant que cette nouvelle orientation ne signifie pas que le privé est autorisé à investir dans des infrastructures relevant de la souveraineté de l'Etat, citant en cela l'exemple des ports qui sont réalisés et contrôlés par les Etats de par le monde. Certaines activités portuaires sont cependant cédées au privé, a-t-il signalé. A une question sur l'autorisation d'un groupe privé à investir à l'international, M. Bouchouareb a répondu que cet opérateur "était libre d'investir" à l'étranger. "Ces investissements à l'étranger ne nous concernent pas", a-t-il dit.