Le vote de confiance au gouvernement du Premier ministre tunisien désigné Habib Essid, qui était prévu hier et s'annonçait ardu, a été reporté, a annoncé le Parlement avant-hier. La séance plénière prévue mardi 27 janvier et consacrée au vote de confiance au gouvernement a été reportée à une date ultérieure, a indiqué le Parlement sur son site. M. Essid a repris ses consultations dans la journée, rencontrant le président du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, et le chef du Front populaire, une coalition de gauche et d'extrême-gauche, Hamma Hammami. Le Premier ministre désigné, un indépendant qui fut ministre de l'Intérieur après la révolution de 2011 et a eu des responsabilités sous le dictateur déchu Ben Ali, avait présenté vendredi au président Béji Caïd Essebsi un gouvernement de compétences nationales dont Ennahda, deuxième force politique du pays, est absent, tout comme le Front populaire. Candidat de Nidaa Tounès, le parti de M. Caïd Essebsi, vainqueur des législatives de fin octobre, M. Essid avait été chargé par le président de former un gouvernement le 5 janvier. Plusieurs ministères comme les Affaires étrangères et la Santé reviennent à Nidaa Tounès. D'autres comme le Tourisme et la Jeunesse et les Sports échoient à l'Union patriotique libre (UPL), parti du richissime homme d'affaires et patron de club de foot, Slim Riahi, troisième force au Parlement avec 16 sièges sur 217. Pour entrer en fonctions, le gouvernement doit obtenir le soutien d'au moins 109 députés. Or Nidaa Tounès ne dispose que de 86 sièges, et plusieurs partis ont annoncé qu'ils n'accorderaient pas leur confiance à la liste proposée. Si le gouvernement reste sous sa forme actuelle, nous ne lui accorderons pas la confiance, car il ne représente pas les ambitions des Tunisiens (qui veulent) un gouvernement (...) capable de faire face aux grands défis et de prendre des décisions difficiles, a déclaré à des journalistes Rached Ghannouchi, le président d'Ennahda (69 sièges). Nous aurions voulu que ce soit un gouvernement d'union nationale, a-t-il ajouté, en disant espérer davantage de consultations afin de parvenir à des ententes sur la composition du gouvernement et son programme, de manière à ce qu'il obtienne une large majorité une fois présenté à l'Assemblée. Le Front populaire (15 sièges), le parti libéral Afek Tounès (huit sièges) et Moubadara (trois sièges) ont également annoncé qu'ils ne voteraient pas la confiance au gouvernement. Entre-temps, le Premier ministre sortant Mehdi Jomaa a présenté la démission de son gouvernement au président Caïd Essebsi, qui l'a acceptée en le chargeant de gérer les affaires courantes jusqu'à l'entrée en fonctions du nouveau gouvernement, selon un communiqué de la présidence.