Les grandes puissances ont appelé mercredi à Berlin les délégations rivales libyennes à parvenir rapidement à un accord de paix, insistant sur l'urgence de la situation dans un pays menacé par les avancées de l'Etat islamique. Nous pourrions continuer à travailler pendant des jours et des mois pour atteindre l'accord parfait, mais la Libye n'en a pas le temps, a estimé face à la presse le diplomate espagnol Bernardino Leon, chargé par l'ONU du dossier libyen, après la rencontre. Dans un communiqué commun, les membres permanents du Conseil de sécurité, ainsi que l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, l'Union européenne et l'ONU (format dit P5+5), ont pressé les délégués libyens de surmonter les obstacles à un accord, cesser immédiatement les hostilités et empêcher toute action susceptible de perturber le processus politique. Les grandes puissances ont insisté sur les nouvelles menaces planant sur la souveraineté et l'intégrité de la Libye. Plongé dans le chaos depuis la chute en 2011 de l'ancien dictateur Mouammar Kadhafi, déchiré par des combats entre milices lourdement armées, le pays compte actuellement deux gouvernements --et Parlements-- rivaux. Outre la situation humanitaire critique, les déplacements massifs de population bénéficiant aux réseaux criminels et le risque imminent de faillite de l'Etat, la Libye subit les assauts de l'Etat islamique, qui a annoncé mardi s'être emparé de Syrte (centre). La communauté internationale s'est également engagée, en cas d'accord, à soutenir la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, renforcer les institutions libyennes et contribuer au redressement économique et social de la Libye. Bernardino Leon, qui tente depuis des mois de trouver un compromis permettant la formation d'un gouvernement d'union en Libye, a présenté lundi soir une quatrième mouture de son projet d'accord et espère aboutir avant le début du ramadan, autour du 17 juin. Les discussions que l'émissaire de l'ONU a engagées avec 23 représentants libyens sont peut-être la dernière chance avant longtemps de préserver la Libye de la désintégration, a insisté le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier. Le Parlement de Tobrouk (est de la Libye), reconnu par la communauté internationale, a fait part mardi de son grand mécontentement sur le texte de M. Leon, déplorant le rôle qu'il ménage au Parlement rebelle siégeant à Tripoli et sous la coupe de Fajr Libya, la coalition de milices qui contrôle la capitale libyenne. Mais selon l'émissaire de l'ONU, qui s'est entretenu avec les délégués de chaque camp, la porte reste ouverte à un accord et le Parlement de Tobrouk, qui attend le retour de ses représentants, évaluera leur proposition lors d'une session spéciale dans les prochains jours. L'opinion générale parmi les délégués est que l'offre de compromis pourrait être acceptable, a assuré Bernardino Leon, concédant qu'il existait aussi des partisans de la ligne dure dans chaque camp.