L'Union européenne et les dirigeants des pays des Balkans se sont mis d'accord dimanche à l'issue d'un mini-sommet à Bruxelles sur un plan en 17 points pour gérer l'afflux de réfugiés en Europe sans pour autant régler à court terme la crise migratoire. La réunion convoquée à l'initiative du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, avec l'appui de la chancelière allemande Angela Merkel, a démarré sous de mauvais auspices avant de finalement aboutir au constat d'une nécessaire coordination. Des responsables présents lors des discussions ont raconté comment les participants ont d'abord cherché à se "décharger" de la responsabilit é de la crise sur leurs homologues présents. "Les initiatives unilatérales peuvent provoquer des réactions en chaîne", affirme le communiqu é final entérinant une situation de fait sur le terrain avec la fermeture de frontières terrestres ou l'acheminement par autocars de migrants non enregistr és jusqu'à la frontière d'un Etat voisin. "Les pays concern és doivent donc se concerter. Les (pays) voisins doivent travailler ensemble le long de la route" empruntée par les migrants, ajoute le texte. "Nous avons clairement indiqu é que la politique consistant simplement à laisser passer les gens doit prendre fin", a déclaré le président de la Commission européenne Jean- Claude Juncker. Ce dernier a rappelé l'existence d'accords de coopération entre les Etats et déploré les mesures unilaté- rales prises par certains pays qui ont contribué à propager la crise migratoire à l'ensemble de la région plutôt qu'à la résoudre. La chancelière allemande Angela Merkel qui avait insisté pour la tenue de ce sommet a déclaré: "L'Europe doit montrer qu'elle est un continent avec des valeurs, un continent de la solidarité. Il s'agit d'un bloc en construction et nous devons prendre de nombreuses mesures supplémentaires", a-t-elle ajouté. Angela Merkel a également insisté sur la nécessité de poursuivre les négociations avec la Turquie, principale voie de transit pour les réfugi és syriens ou irakiens mais également pour un grand nombre de personnes venant d'Afghanistan ou du Pakistan perçus comme des migrants économiques. RISQUE D'EFFONDREMENT Présent à la réunion, le Premier ministre grec Alexis Tsipras s'est dit satisfait de l'issue des discussions pour son pays qui se trouve en première ligne et auquel il était reproché de ne pas procéder à l'enregistrement des arrivants comme le prévoient les règlements communautaires. Parmi les mesures prévues, figure la création de 100.000 places d'hébergement sur le parcours qu'emprutent les demandeurs d'asile entre la Grèce et l'Allemagne. La moitié de cette capacité d'accueil, soit 50.000 places, se trouvera sur le territoire de la Grèce et l'autre moitié dans les pays travers és par les migrants. La Grèce s'est ainsi engagée à porter ses capacités d'accueil à 30.000 places d'ici la fin de l'année tandis que le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) va aider à la création de 20.000 places supplémentaires sur le sol grec. Les dirigeants de 11 pays de la région se sont également mis d'accord pour que l'agence européenne pour la coopération aux frontières extérieures de l'UE (Frontex) intervienne à la frontière entre la Grèce et la Macédoine afin que les migrants puissent être enregistrés. Parmi les autres mesures, l'Union européenne va fournir 400 policiers suppl émentaires à la Slovénie afin de l'aider à gérer l'afflux de migrants qui ont commencé à passer par son territoire après la fermeture des frontières hongroises avec la Serbie et avec la Croatie. Avant le début de la réunion, le Premier ministre slovène Miro Cerar avait prévenu ses partenaires: "si nous ne menons pas une action concrète, je pense que l'Europe va s'effondrer". Cette réunion d'urgence coïncide avec la victoire des conservateurs eurosceptiques aux élections législatives en Pologne. Ce changement politique devrait rapprocher Varsovie des positions tenues par la Hongrie et par la Slovaquie dans l'opposition à une redistribution des migrants entre les différents pays d'Europe.