Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est déclaré lundi très préoccupé par l'impasse politique en République démocratique du Congo (RDC), ajoutant redouter un regain de violences dans le pays. Au cours d'un débat au Conseil de sécurité sur la situation dans la région des Grands Lacs, il a appelé une nouvelle fois tous les intervenants (...) à régler leurs différends par le dialogue et à créer des conditions propices à la tenue en temps voulu d'élections crédibles, conformément à la Constitution. Des élections sont prévues en RDC en novembre mais cette perspective semble s'éloigner chaque jour davantage. L'opposition accuse le président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001 et dont le mandat s'achève en décembre, de manoeuvrer pour contourner l'interdiction constitutionnelle qui lui est faite de se représenter. Je suis très préoccupé par l'impasse dans laquelle se trouve encore l'organisation des prochaines élections, a averti M. Ban. Par le passé, les crises politiques qui ont frappé la région des Grands Lacs se sont traduites par des violences généralisées et de graves problèmes de sécurité. Nous devons empêcher ce scénario de se reproduire. M. Ban a demandé au Conseil de sécurité et aux dirigeants de la région d'aider à préserver la stabilité politique en RDC en trouvant rapidement une issue à l'impasse actuelle. Il a par ailleurs noté certains progrès en matière de sécurité dans l'Est de la RDC avec la défaite du mouvement rebelle M23 et la reprise de la coopération militaire contre les groupes armés rebelles entre les forces gouvernementales et la mission de l'ONU en RDC (Monusco). Mais il a rappelé que 7,5 millions de civils ont toujours besoin d'aide humanitaire dans le pays, dont plus de 1,5 million de personnes déplacées. Au cours du débat, l'ambassadrice américaine Samantha Power a dénoncé le harcèlement et la détention de militants pacifiques et de dirigeants de l'opposition en RDC. Il n'y a pas de raison crédible que l'élection en RDC ne se déroule pas à la date prévue, a-t-elle affirmé. Mais il faut non seulement pouvoir voter mais que les individus soient à même de faire campagne pour leurs candidats favoris et d'exprimer librement leur opinion. Mme Power a particulièrement critiqué l'arrestation il y a quelques jours de 18 militants de la société civile lors d'une marche silencieuse à Goma (est). Membres du mouvement des jeunes indignés Lucha, basé à Goma, les 18 militants participaient à une marche silencieuse réclamant la libération de Fred Bauma et Yves Makwambala, deux militants de la société civile détenus depuis un an à Kinshasa. L'ambassadrice américaine a aussi fustigé les efforts du gouvernement (de RDC) pour réduire sa coopération avec la mission de l'ONU (Monusco) afin de la forcer à réduire ses effectifs. Quand des Casques bleus sont déployés, ils doivent pouvoir accomplir leur mission, en RDC ou ailleurs, a-t-elle affirmé.