Le finlandais Nokia a annoncé cette semaine une tentative pour ressusciter sa marque sur le marché des smartphones et tablettes, où il n'a jamais connu le succès, et où il revient sans prendre aucun risque financier. Les futurs produits Nokia seront conçus par une société finlandaise nouvellement créée, HMD Global, dans lequel le groupe "ne fera pas d'investissement financier ni ne détiendra de part". Nokia se contentera donc de toucher des droits pour céder sa marque pendant 10 ans. Et il s'est assuré un droit de regard avec un siège au conseil d'administration de HMD Global. Le Finlandais, qui se concentre sur l'équipement en télécoms, "ne peut qu'être gagnant" car il "n'assumera aucun risque", a affirmé un analyste de la banque Nordea, Sami Sarkamies. Pour HMD Global, le défi est de taille, a-t-il ajouté. "C'est certain que la marque Nokia a toujours un certain attrait sur certains marchés, mais la concurrence est rude". Derrière cette start-up se trouve un fonds de capital-risque, Smart Connect LP, dirigé par un ex-dirigeant de Nokia, le Français Jean-François Baril. D'autres anciens cadres de Nokia sont dans l'organigramme, comme le directeur général Arto Nummela. L'ambition est d'investir "plus de 500 millions de dollars sur les trois prochaines années pour soutenir le marketing mondial" et d'"avancer rapidement", a souligné l'entreprise.
Une marque moribonde Numéro un mondial des téléphones portables à partir de 1998, Nokia a accumulé les désillusions dans les smartphones face au succès fulgurant de l'iPhone lancé par Apple en 2007. En 2011, mal en point, il choisissait de s'allier avec l'américain Microsoft, et ses appareils rejoignaient l'environnement Windows Mobile. Nouvel échec, sur un marché où les vrais concurrents de l'iPhone utilisaient la plateforme Android de Google. En 2012 le Sud-coréen Samsung ravissait le trône de Nokia. Après une accumulation de pertes tombait une décision radicale, et historique: vendre l'activité téléphones portables à Microsoft. La transaction de 5,4 milliards d'euros était conclue l'année suivante. Depuis, Nokia est pour le grand public une marque moribonde, qui court après sa réputation passée de fiabilité, de simplicité d'utilisation et de robustesse. Elle incarne des téléphones 2G comme le Nokia 215, lancé par Microsoft en janvier 2015 et conçu comme un quasi-Smartphone à très bas coût. Pour ses Smartphones, Microsoft a choisi la marque Lumia, initialement créée par le groupe finlandais, qui ne marche pas très fort. Microsoft a annoncé dans un communiqué séparé qu'il vendait pour 350 millions de dollars l'activité téléphones de base à HMD Global et au taïwanais Foxconn (groupe Hon Hai). Nokia a déjà à son actif deux tablettes, pour autant d'échecs. Trop chère, la Lumia 2520 a fait un four en 2013. Deux ans plus tard, la Nokia N1, meilleur marché, a suscité la curiosité des spécialistes, mais est passée inaperçue auprès des consommateurs. Comme la N1, les futurs produits Nokia auront Android comme système d'exploitation. Aucune date de lancement n'a été annoncée. Mais des sites internet spécialisés croient savoir que le premier Smartphone, baptisé Nokia A1, sortira début 2017. Foxconn, l'industriel qui fabrique en Asie une bonne part des smartphones mondiaux, apportera via sa filiale FIH son savoir-faire dans la production et la distribution.
Plus d'un millier de postes supprimés Le géant finlandais des équipements en télécoms a annoncé avant-hier à l'issue des consultations avec les représentants du personnel en Finlande qu'il supprimerait plus d'un millier de postes dans le pays. En avril, le groupe finlandais avait indiqué vouloir réduire ses effectifs après sa fusion avec Alcatel-Lucent et lancé des consultations dans une trentaine de pays, dont la France, où 400 postes devraient être supprimés. En Finlande, l'ancien numéro un des téléphones portables, qui vient d'annoncer son retour sur ce marché, prévoyait initialement de supprimer quelque 1 300 emplois, soit 20% du total de ses effectifs, un chiffre qui a été revu à la baisse, à 1032, a-t-il écrit dans un communiqué. Le groupe n'a pas précisé le nombre de réductions de postes dans le reste du monde. Le groupe espère au total réaliser des économies de 900 millions d'euros par an à partir de 2018. Pour ses premiers résultats après la fusion avec Alcatel-Lucent, Nokia a, au premier trimestre, enregistré une perte nette de 513 millions d'euros, victime notamment d'une baisse des ventes dans sa principale activité, les réseaux.