Mediaset a annoncé être en mesure de multiplier par 17 le bénéfice d'exploitation de ses activités italiennes d'ici 2020 grâce à une refonte complète de sa stratégie dans la télévision payante après l'échec de l'accord conclu sur la vente de cette division à Vivendi. Le groupe Italien et le Français devaient initialement se lier par des prises de participation croisées mais Vivendi a remis en cause l'accord initial en juillet et les deux parties sont désormais engagées dans un bras de fer qui s'est déplacé sur le terrain judiciaire. Parallèlement, Vivendi est monté à 28,8% au capital de Mediaset, devenant son deuxième actionnaire, en dépit des protestations de ce dernier, qui voit derrière cette manœuvre une volonté de prise de contrôle hostile. Contrôlé par la famille de l'ex-président du Conseil Silvio Berlusconi, Mediaset a expliqué mardi qu'il anticipait pour ses activités italiennes un bénéfice d'exploitation (Ebit) de 468 millions d'euros en 2020. Un objectif à comparer à l'Ebit de 26,8 millions d'euros seulement réalisé en 2015, en net recul par rapport à 2014 (104 millions). "Une crise peut créer une opportunité, (Mediaset) a dû compenser l'impact de l'échec de l'accord", a déclaré à Reuters une source proche du dossier. Cette source a ajouté que Mediaset voulait refondre sa stratégie pour adopter un "nouveau modèle" de télévision payante face à la concurrence des nouveaux acteurs tels que Netflix ou Amazon. Le groupe a expliqué qu'il comptait mettre à la disposition d'autres acteurs du marché les chaînes et contenus de sa plate-forme payante, jusqu'à présent réservés à ses abonnées, dont le nombre est légèrement supérieur à deux millions. Il a ajouté que sa nouvelle stratégie envisageait un développement dans la production de contenus destinés en premier lieu à la diffusion en ligne. Mediaset entend aussi travailler en coproduction avec des diffuseurs européens, comme l'a montré la semaine dernière son accord avec le français TF1 et l'allemand ProSiebenSat.1 dans les contenus vidéo destinés aux plates-formes internet telles que Youtube. Il a précisé que ses recettes publicitaires avaient augmenté de 4% en 2016, une croissance ramenée à 2,8% en faisant abstraction des stations de radio acquises en cours d'année. L'autorité de tutelle du secteur des communications en Italie (Agcom) a déclaré mardi qu'elle poursuivait son enquête sur la montée de Vivendi au capital de Mediaset, démentant une information de presse selon laquelle elle jugerait toute offre de rachat du groupe français inacceptable. L'action Mediaset a terminé en baisse de 0,62% en Bourse de Milan, dont l'indice a gagné 0,25%. Le régulateur italien enquête toujours sur Vivendi/Mediaset L'autorité de tutelle du secteur des communications en Italie (AGCOM) a déclaré qu'elle poursuivait son enquête sur la montée de Vivendi dans le capital de Mediaset, démentant ainsi une information de presse selon laquelle elle jugerait toute offre de rachat du groupe français inacceptable. Le titre Mediaset accuse néanmoins une perte de 3,71% à 4,04 euros sur ces informations. L'action a pris environ 49% depuis que Vivendi est entré dans Mediaset en décembre tout en annonçant qu'il comptait s'y renforcer, une démarche dans laquelle le principal actionnaire du groupe de médias, Fininvest, a vu une tentative de rachat hostile. "L'enquête Mediaset-Vivendi, ouverte le 21 décembre, est toujours en cours (...) toutes les vérifications pour analyser les aspects techniques, judiciaires et de marché (de l'affaire) sont réalisées", déclare l'AGCOM dans un communiqué. La législation impose que l'enquête soit bouclée dans les 120 jours, mais celle-ci peut ensuite être prolongée de 90 jours supplémentaires, ajoute le régulateur. La réglementation antitrust italienne n'autorise par une même société à occuper une part de marché excessive à la fois sur le marché des télécommunications et des médias. Vivendi est devenu le deuxième actionnaire de Mediaset, avec 28,8% de son capital, juste au-dessous du seuil de 30% qui l'obligerait à lancer une OPA sur le groupe milanais. Le groupe français est également le premier actionnaire de Telecom Italia, avec une participation de 24,9%. Dans son édition de mardi, le quotidien italien La Repubblica a rapporté qu'une éventuelle offre de rachat de Vivendi sur Mediaset ne serait pas considérée comme étant "juridiquement acceptable" par l'AGCOM. Le journal a précisé que sur la base d'une enquête préliminaire, une majorité des membres de l'AGCOM, ont jugé qu'une éventuelle démarche de Vivendi dans ce sens serait "non recevable", mais qu'ils ne communiqueraient leur décision au gendarme de la Bourse de Milan que dans le cas où le groupe français lancerait effectivement une offre sur Mediaset. L'AGCOM a ouvert une enquête fin décembre sur la montée de Vivendi au capital de Mediaset à la suite d'une plainte déposée par le télédiffuseur italien.