Les dirigeants serbes et kosovars se sont entendus mardi soir pour apaiser les relations entre leurs pays, alors que la tension est à son comble, à l'issue d'une rencontre à Bruxelles sous l'égide de l'Union européenne. La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a jugé les discussions entre le président du Kosovo, Hashim Thaçi, le chef du gouvernement kosovar Isa Mustafa et leurs homologues serbes, le président Tomislav Nikolic et le Premier ministre Aleksandar Vucic, encourageantes. Les dirigeants "se sont mis d'accord pour laisser les tensions derrière eux et se concentrer sur le travail à venir", a déclaré Federica Mogherini dans un communiqué. Des négociations au plus haut niveau doivent s'ouvrir dans les prochains jours, a-t-elle ajouté. Selon elle, la normalisation des relations entre les deux pays est essentielle s'ils veulent se rapprocher de l'Union européenne. Aleksandar Vucic s'est félicité de la teneur de la rencontre à Bruxelles et à assuré devant des journalistes que les deux parties s'étaient engagées à éviter toute provocation, selon l'agence d'Etat Tanjug. "Nous avons demandé que soit respecté le territoire du Kosovo", a déclaré de son côté Isa Mustafa. Depuis qu'elles ont ouvert en 2011 un dialogue pour normaliser leurs relations, les tensions n'ont jamais été aussi fortes entre la Serbie et l'ex-région yougoslave qui a déclaré son indépendance en 2008. Une indépendance que la Serbie refuse de reconnaître, près de deux décennies après la guerre entre rebelles albanais kosovars et forces de Belgrade (1998-99, 13.000 morts). Parti de Belgrade, un train frappé de l'inscription "Le Kosovo est la Serbie" a entraîné le déploiement à la frontière d'une unité spéciale de la police kosovare, ROSU. Il a été arrêté avant la frontière sur décision d'Aleksandar Vucic, qui avait toutefois accusé les Albanais d'avoir miné les voies et voulu "provoquer un conflit de large envergure". Les Kosovars se sont par ailleurs indignés de l'arrestation en France le 4 janvier, à la demande de la justice serbe, de l'ex-chef rebelle Ramush Haradinaj. Considéré comme un héros chez lui, il est accusé par les Serbes d'être un criminel de guerre. Libéré sous contrôle judiciaire, il est actuellement bloqué en France, en attendant l'examen de sa procédure d'extradition. Les Kosovars demandent également la destruction d'un mur à Mitrovica (nord), qu'ils affirment destiner à séparer cette ville coupée en deux, entre parties kosovare et serbe. Les autorités municipales serbes évoquent un ouvrage dont le but serait de protéger les piétons.